Dans un monde dominé par les mégadonnées et l’intelligence artificielle, les supports de stockage de données traditionnels ne suffisent plus. La prochaine génération de stockage de données doit répondre à la demande de stockage haute densité et d’efficacité énergétique.
La mémoire résistive à accès aléatoire (RRAM) est l’une de ces technologies, et une équipe de chercheurs a récemment présenté une approche pour créer un memristor supramoléculaire, composant clé dans la construction de nano-RRAM.
Le défi de la construction d’un memristor à l’échelle moléculaire
Un memristor (contraction de mémoire-résistance) modifie sa résistance en fonction de la tension appliquée. Cependant, construire un memristor à l’échelle moléculaire représente un défi considérable. Bien que la commutation de résistance puisse être réalisée grâce à des réactions redox, et que les états chargés des molécules puissent être facilement stabilisés par des contre-ions en solution, cette stabilisation est très difficile à obtenir dans les jonctions à l’état solide nécessaires pour un memristor.
Une équipe dirigée par Yuan Li de l’Université Tsinghua à Pékin, en Chine, a choisi d’adopter une approche supramoléculaire. Elle repose sur un caténane bistable, c’est-à-dire stable dans les formes oxydées et réduites et pouvant exister dans un état positif, négatif ou non chargé. Uncaténane est un système de deux grands anneaux moléculaires enchevêtrés comme deux maillons d’une chaîne, mais sans liaison chimique.
La construction d’un memristor supramoléculaire
Pour construire un memristor, l’équipe dépose le caténane sur une électrode d’or recouverte d’un composé contenant du soufre, où il est lié par interaction électrostatique. Au-dessus de cela, ils placent une seconde électrode constituée d’un alliage de gallium-indium recouvert d’oxyde de gallium.
Le caténane forme une monocouche auto-assemblée de molécules plates entre les deux électrodes. Cet ensemble, désigné sous le nom de AuTS-S-(CH2)3-SO3–Na+//caténane//Ga2O3/EGaIn, constitue le memristor.
Performances et applications potentielles
Comme requis pour les RRAM, ces nouveaux memristors supramoléculaires peuvent être basculés entre un état de haute résistance (off) et un état de faible résistance (on), en fonction de la tension appliquée. Ces commutateurs de résistance moléculaire ont réussi au moins 1000 cycles d’effacement-lecture (ON)-écriture-lecture (OFF).
La commutation entre les états on et off se produit en nettement moins d’une milliseconde, ce qui est comparable aux memristors inorganiques commerciaux. Les commutateurs moléculaires «se souviennent» de l’état défini – ON ou OFF – pendant plusieurs minutes.
Cela en fait un point de départ très prometteur pour des memristors moléculaires efficaces avec des capacités de stockage non volatiles. De plus, ils fonctionnent comme des diodes, ou redresseurs, ce qui les rend intéressants pour le développement de nano-RRAM moléculaires.
En synthèse
Les memristors supramoléculaires présentent un potentiel considérable pour répondre aux défis du stockage de données haute densité et de l’efficacité énergétique. Grâce à une approche innovante basée sur les caténanes bistables, les chercheurs ont réussi à créer un memristor à l’échelle moléculaire. Les performances et les applications potentielles de cette technologie pourraient ouvrir la voie à une nouvelle génération de dispositifs de stockage de données et contribuer à façonner l’avenir de l’informatique et de l’intelligence artificielle.
Pour une meilleure compréhension
1. Qu’est-ce qu’un memristor ?
Un memristor est un composant électronique dont la résistance varie en fonction de la tension appliquée. Il est utilisé pour stocker des informations en modifiant sa résistance, ce qui permet de créer des dispositifs de mémoire non volatile.
2. Qu’est-ce que la mémoire résistive à accès aléatoire (RRAM) ?
La RRAM est une technologie de stockage de données qui utilise des changements de résistance pour stocker des informations. Elle offre une densité de stockage élevée et une faible consommation d’énergie, ce qui la rend prometteuse pour les applications de stockage de données de nouvelle génération.
3. Quelle est l’approche supramoléculaire utilisée pour créer un memristor ?
L’approche supramoléculaire repose sur l’utilisation d’un caténane bistable, un système de deux grands anneaux moléculaires enchevêtrés sans liaison chimique. Ce caténane est stable dans les formes oxydées et réduites et peut exister dans un état positif, négatif ou non chargé.
4. Comment fonctionnent les memristors supramoléculaires ?
Les memristors supramoléculaires peuvent être basculés entre un état de haute résistance (off) et un état de faible résistance (on) en fonction de la tension appliquée. Ils ont réussi au moins 1000 cycles d’effacement-lecture (ON)-écriture-lecture (OFF) et se souviennent de l’état défini pendant plusieurs minutes.
5. Quelles sont les applications potentielles des memristors supramoléculaires ?
Les memristors supramoléculaires sont prometteurs pour le développement de dispositifs de stockage de données haute densité et d’efficacité énergétique, ainsi que pour la création de nano-RRAM moléculaires.
Article : « Supramolecular Memristor Based on Bistable [2]Catenanes: Toward High-Density and Non-Volatile Memory Devices » – DOi: 10.1002/anie.202309605