Dans un contexte où la transition énergétique est au cœur des préoccupations, un consortium néerlandais composé de Bright Renewables, HyGear et l’Université de Twente s’est lancé dans un projet ambitieux visant à développer la première installation de production d’e-méthanol du Benelux. Ce carburant durable pourrait bien révolutionner le secteur des transports lourds, notamment maritime et aérien.
Un financement conséquent pour un projet d’envergure
Le projet TANDEM (Towards Acceleration and Demonstration of E-Methanol) a bénéficié d’une subvention totale de près de 4 millions d’euros, couvrant la moitié de l’investissement global de 8 millions d’euros. Cette enveloppe comprend notamment 600 000 euros alloués spécifiquement aux recherches menées par l’Université de Twente sur les échanges thermiques et l’optimisation du processus de production à grande échelle.
Martin Bos, responsable R&D chez HoSt Group, la société mère de Bright Renewables et HyGear, souligne le caractère innovant du projet : «La subvention a été accordée en raison de notre conception novatrice axée sur l’intensification des processus. Nous avons conçu une technologie qui utilise moins de matériaux et fonctionne à des températures et des pressions inférieures à celles des technologies existantes, ce qui permet de réduire la consommation d’énergie et le coût total de possession.»
Une installation stratégiquement implantée pour limiter la congestion du réseau
L’unité de production d’e-méthanol, d’une capacité annuelle de 500 tonnes, sera construite sur le site d’HyGear à Arnhem, aux Pays-Bas. Elle utilisera du CO2 capté et de l’électricité provenant de sources solaires et éoliennes non subventionnées produites aux Pays-Bas. Cette installation à petite échelle pourra être implantée à proximité de parcs solaires ou éoliens locaux, permettant ainsi d’utiliser directement l’électricité verte produite et de réduire les problèmes de congestion du réseau.
Wim Brilman, professeur à l’Université de Twente, insiste sur l’importance d’un fonctionnement dynamique : «Nous voulons étudier la prévisibilité des performances du réacteur en fonction de la disponibilité variable de l’énergie durable. La possibilité de stocker l’excédent d’électricité renouvelable sous forme de méthanol contribue à minimiser la congestion du réseau, à maximiser le potentiel des parcs solaires et éoliens, et à fournir un carburant neutre en CO2.»
Le méthanol, un vecteur énergétique prometteur
Le méthanol, forme la plus simple d’alcool, est produit en combinant de l’hydrogène avec du dioxyde de carbone (CO2) ou du monoxyde de carbone (CO) dans un réacteur. Liquide à température et pression ambiantes, il constitue un vecteur énergétique ou un moyen de stockage efficace. Dans ce système d’e-méthanol, le CO2 proviendra de sources biogéniques, capté dans des usines de biogaz ou des chaudières à biomasse ou à déchets, tandis que l’hydrogène (vert) sera fourni par électrolyse.
Conçu pour un fonctionnement décentralisé, ce système produit du méthanol neutre en CO2 en utilisant du CO2 biogénique. Avec une impulsion législative et réglementaire favorisant de plus en plus le captage du CO2 pour atteindre les objectifs nationaux, ces pratiques durables sont encouragées. D’ici 2030, on prévoit que 2,1 mégatonnes de CO2 biogénique seront disponibles pour être utilisées aux Pays-Bas. De plus, la décentralisation de la production directement sur les sites des utilisateurs finaux permet de réduire les transports, renforçant ainsi l’efficacité et la durabilité du système.