La crise des prix de l’énergie au Royaume-Uni a mis en lumière la vulnérabilité de nombreux foyers face à cette situation préoccupante. Une étude récente propose une nouvelle méthode pour définir et mesurer la résilience des ménages face à cette crise, offrant ainsi aux décideurs politiques un outil précieux pour identifier et soutenir les plus touchés.
Une collaboration entre l’Université de Sheffield, le UK Energy Research Centre et d’autres institutions académiques a abouti à la mise au point d’un indicateur permettant de déterminer quels foyers sont les plus susceptibles de subir les conséquences de la crise des prix de l’énergie. Les chercheurs ont identifié plusieurs facteurs, tels que le statut d’emploi, le type de logement, l’incapacité à épargner, les méthodes de prépaiement de l’énergie et la composition du foyer, comme des indicateurs de vulnérabilité.
La résilience faible aux prix de l’énergie (LENRES) est également corrélée à une détérioration de la santé, du bien-être et à une augmentation des handicaps chez les adultes, principalement en raison du stress lié aux retards de paiement des factures d’énergie.
Conséquences de la crise et mesures gouvernementales
La crise récente des prix de l’énergie a entraîné des niveaux «épidémiques» de difficultés au Royaume-Uni, exacerbant la précarité énergétique et la dette liée à l’énergie, qui a atteint des niveaux record. Environ 37 % des foyers dépensent désormais plus de 10 % de leur revenu résiduel en énergie, après déduction des coûts du logement, ce qui représente une augmentation significative par rapport aux niveaux d’avant la pandémie.
Le nouvel indicateur vise à fournir au gouvernement des données pour identifier les foyers les plus susceptibles de lutter contre la précarité énergétique et de maintenir leur solvabilité financière, tout en aidant à planifier le soutien et les interventions nécessaires.
Implications pour la santé et le bien-être
Le Dr Andrew Burlinson de l’Université de Sheffield souligne l’importance de cette étude pour éclairer les décisions politiques visant à prévenir les conséquences économiques et sanitaires des hausses prolongées des prix de l’énergie sur les foyers britanniques.
En s’appuyant sur un échantillon représentatif de foyers au Royaume-Uni entre 2016 et 2022, LENRES a été développé pour permettre aux décideurs d’examiner les facteurs sous-jacents à la faible résilience énergétique et son impact sur la santé et le bien-être des adultes et des enfants vivant dans des logements froids.
Le Dr Davillas de l’Université de Macédoine indique que les foyers avec des adultes au chômage, retraités, ayant des difficultés à épargner ou utilisant des méthodes de prépaiement de l’énergie sont systématiquement corrélés à une faible résilience énergétique, et que le nombre de ces foyers augmente avec le temps.
Protection des enfants et interventions ciblées
La recherche a également révélé que pour les enfants, la faible résilience énergétique des foyers est principalement associée à une faible satisfaction de vie. Les chercheurs estiment que cela est dû aux efforts des adultes pour protéger les enfants des problèmes, aggravant ainsi les problèmes de bien-être et de santé mentale.
L’équipe de recherche espère que ces travaux aideront non seulement à introduire des interventions énergétiques plus ciblées pour ceux qui en ont le plus besoin, mais aussi à permettre au gouvernement d’introduire des avantages pour la société dans son ensemble.
La nécessité d’une action politique ciblée
Le Professeur Giulietti de la Nottingham University Business School souligne que malgré les tentatives du gouvernement britannique de mitiger l’impact de la crise avec des mesures telles que la garantie universelle des prix de l’énergie, des interventions plus ciblées sont nécessaires pour éviter d’aggraver la situation des foyers les plus vulnérables.
Le Professeur Waddams Price de l’Université d’East Anglia appelle à une action plus soutenue pour lutter contre les effets à long terme de la crise des prix de l’énergie, notamment par le déploiement à grande échelle de mesures d’efficacité énergétique ciblant les plus nécessiteux, ainsi que par la réintroduction de tarifs sociaux pour les plus vulnérables.
Implications pour les politiques de lutte contre la pauvreté énergétique
Matthew Scott, responsable des politiques pour la neutralité carbone et la pauvreté énergétique à l’Institut de la Chartered Institute of Housing, reconnaît l’importance de cette recherche pour comprendre qui a été le plus impacté par la hausse des coûts énergétiques et pour anticiper qui continuera à lutter à l’avenir.
Matt Copeland, responsable des politiques et des affaires publiques à National Energy Action, souligne l’urgence d’identifier les foyers qui n’ont plus aucune résilience face aux chocs des prix, surtout dans un contexte de prix élevés persistants et de géopolitique volatile affectant les prix de l’énergie.
Article : « Household energy price resilience in the face of gas and electricity market crises » – DOI: 10.1016/j.eneco.2024.107414