À Toulouse, le parking relais (P+R) de l’Oncopole s’apprête à changer de visage : Virya Energy et Tisséo viennent d’annoncer la construction de vastes ombrières photovoltaïques couvrant plus de 7 000 m². Porté par un investissement privé de 2 millions d’euros, le projet promet de produire près de 2 GWh par an et d’éviter 120 t de CO₂, tout en protégeant 300 places de stationnement du soleil. La mise en service est attendue pour l’été 2026, première étape d’une stratégie plus large visant à verdir le réseau de transport de l’agglomération.
Les travaux préparatoires ont démarré le 28 août 2025, à peine six mois avant l’installation effective prévue en octobre. Sur les 7 001 m² du parking, 3 504 panneaux solaires totaliseront 1,577 MWc de puissance installée, soit l’équivalent de la consommation annuelle d’environ 450 foyers de deux personnes. La difficile équation « densité urbaine vs. capacités foncières » trouve ici une réponse pragmatique : valoriser la surface déjà artificialisée d’un parc relais plutôt que d’empiéter sur des terrains vierges.
Un modèle économique qui mise sur la boucle locale
Financé intégralement par Virya Energy, le projet prévoit une redevance mixte versée à Tisséo Collectivités : 18 400 € fixes par an, auxquels pourra s’ajouter jusqu’à 21 000 € variables selon la production et la revente d’électricité sur la boucle locale d’énergie. Ce montage offre à l’autorité publique un revenu prévisible sans mobiliser son budget d’investissement, tout en sécurisant à long terme (30 ans) l’exploitation du site par un acteur privé aguerri aux renouvelables.
L’initiative s’inscrit dans une feuille de route plus vaste : Tisséo vise 10% d’autoproduction électrique d’ici la fin de la décennie. Outre l’Oncopole, des projets d’ombrières verront rapidement le jour sur les parkings de Mesplé, Basso Cambo et Garossos (482 kWc cumulés).
Trois stations de métro – Borderouge, Ramonville et Argoulets – étudient également la pose de 3,2 MWc supplémentaires, tandis que le futur garage-atelier Daturas pourrait, à lui seul, afficher 4,8 MWc pour couvrir 100% de ses besoins.
Ainsi, produire localement devient un levier autant financier qu’environnemental.

Virya Energy, un nouvel acteur en pointe sur le solaire urbain
Créée en 2019 par le distributeur belge Colruyt et son holding familial Korys, Virya Energy aligne déjà 625 MW d’éolien et de photovoltaïque installés dans quinze pays. Sa filiale Virya C&I Solutions France cible précisément les sites industriels et tertiaires à fort potentiel d’autoconsommation. À Toulouse, l’entreprise confirme sa stratégie d’adapter la technologie à la configuration du client plutôt que l’inverse, quitte à multiplier les petites unités plutôt qu’une centrale éloignée.
Le projet de l’Oncopole n’est pas qu’un atout pour les usagers du P+R. Il préfigure la montée en puissance du photovoltaïque sur le foncier public toulousain : le schéma directeur des énergies de Toulouse Métropole table sur 206 MWc installés d’ici 2030. Dans un contexte où chaque tonne de CO₂ économisée rapproche les collectivités de leurs objectifs climatiques, la mutualisation des usages (mobilité + production solaire) pourrait servir de modèle à d’autres villes.
En combinant infrastructures de transport et production d’énergie renouvelable, Toulouse expérimente un cercle vertueux où chaque watt solaire alimente la transition énergétique locale. Si les délais annoncés sont tenus, les premiers kWh devraient sortir des onduleurs de l’Oncopole à l’été 2026. De quoi tester, à grande échelle, l’appétit des métropoles pour ce type de partenariats public-privé et poser la prochaine question : jusqu’où peut-on pousser l’autoconsommation pour alléger la facture énergétique des réseaux de transport ?
Source : Virya Energy / CP