De nouvelles images prises le 11 novembre 2025 révèlent que la comète 3I/ATLAS, un objet venu d’un autre système stellaire, n’a pas éclaté lors de son passage près du Soleil. Les astronomes David Jewitt et Jane Luu, observant depuis les îles Canaries avec un télescope de 2,56 mètres, ont confirmé que l’objet reste en un seul morceau. Une découverte surprenante qui relance les interrogations sur la nature exacte de ce mystérieux visiteur cosmique.
Un visiteur venu de très loin
3I/ATLAS fait partie d’une catégorie rarissime d’objets interstellaires, ces corps célestes qui ne sont pas nés dans notre système solaire mais viennent d’ailleurs, de régions lointaines de la Galaxie. Découverte en juillet 2025, la comète file à une vitesse vertigineuse de 61 kilomètres par seconde, bien plus rapide que les comètes « locales » qui gravitent autour du Soleil depuis des milliards d’années. Il s’agit seulement du troisième objet de ce type jamais repéré, après Oumuamua en 2017 et Borisov en 2019.
Le 29 octobre dernier, 3I/ATLAS est passée au plus près du Soleil, à environ 203 millions de kilomètres, une distance située entre les orbites de la Terre et de Mars. Les scientifiques s’attendaient à ce que la chaleur intense provoque des fissures, voire une fragmentation complète de l’objet, comme cela arrive souvent aux comètes. Pourtant, deux semaines plus tard, les observations montrent un corps intact accompagné d’une queue inhabituelle pointant vers le Soleil au lieu de s’en éloigner.
Des chiffres qui ne collent pas
Avi Loeb, astrophysicien à l’université Harvard, a réalisé des calculs détaillés qui posent problème. Les images récentes montrent d’immenses jets de matière s’étendant sur un million de kilomètres vers le Soleil et trois millions de kilomètres dans la direction opposée. Pour une comète normale, ces jets devraient être produits par de la glace qui se transforme en gaz sous l’effet de la chaleur solaire.
Or, les calculs montrent qu’il aurait fallu sublimer environ cinq milliards de tonnes de dioxyde de carbone pour créer ces jets. Pour y parvenir, la comète aurait dû absorber une quantité colossale d’énergie solaire, ce qui nécessiterait une surface d’au moins 1 600 kilomètres carrés. Le problème reste entier car les observations du télescope spatial Hubble estiment la taille de 3I/ATLAS à maximum 5,6 kilomètres de diamètre. Beaucoup trop petit pour expliquer l’ampleur des jets observés.
D’autres hypothèses à considérer
Face à cette contradiction, Avi Loeb propose d’envisager d’autres explications, même si elles peuvent sembler inhabituelles. Il cite Albert Einstein : « La connaissance, c’est réaliser que la rue est à sens unique ; la sagesse, c’est regarder dans les deux directions quand même ». L’astrophysicien suggère qu’un système de propulsion artificielle, éjectant des gaz vers le Soleil pour accélérer dans la direction opposée, pourrait expliquer les observations. Une manœuvre que pourrait réaliser un vaisseau spatial cherchant à gagner de la vitesse après son passage près du Soleil.
Ces spéculations ont déclenché des débats animés dans la communauté scientifique ( propos de Bryan Cox ). La plupart des astronomes restent convaincus qu’il s’agit d’une comète naturelle aux caractéristiques atypiques, possiblement liées à sa composition chimique riche en dioxyde de carbone ou à une croûte durcie par son long voyage dans l’espace interstellaire. D’autres études confirment d’ailleurs la présence de substances typiquement cométaires comme le cyanure et la vapeur de nickel.
Rendez-vous en décembre
3I/ATLAS passera au plus près de la Terre le 19 décembre 2025. La comète offrira une dernière occasion d’observations détaillées avant qu’elle ne disparaisse définitivement dans l’espace infini. Les télescopes du monde entier resteront braqués sur ce visiteur cosmique pour tenter de comprendre pourquoi il ne se comporte pas tout à fait comme les comètes que nous connaissons.
Source : Avi Loeb











