L’objet interstellaire 3I/ATLAS continue de défier la compréhension des astronomes. Une nouvelle image capturée le 2 août 2025 par le Two-meter Twin Telescope, situé à l’Observatoire du Teide aux îles Canaries, confirme la présence d’un jet lumineux pointant directement vers le Soleil, un phénomène qui contredit les comportements cométaires connus. L’astrophysicien Avi Loeb, de l’université Harvard, et son collègue Eric Keto, poursuivent leurs investigations pour comprendre la nature de cette « anti-queue » qui remet en question les certitudes scientifiques établies.
Une anomalie physique sans précédent
Les comètes traditionnelles se caractérisent par une queue de poussière et de gaz qui s’éloigne du Soleil, poussée par le rayonnement solaire et le vent stellaire. La raison physique est simple. La radiation solaire et le vent solaire repoussent la poussière et le gaz loin du Soleil. Or, 3I/ATLAS présente le contraire, un jet orienté vers notre étoile, observé initialement par le télescope spatial Hubble le 21 juillet 2025, puis confirmé par les observations terrestres du Two-meter Twin Telescope.

avec barre d’échelle et flèches de direction. Les flèches jaunes et vertes marquent, respectivement, le vecteur de vitesse héliocentrique négatif projeté et la direction antisolaire projetée. Notez que la plus grande partie de la poussière se trouve au soleil du noyau. Source : https://doi.org/10.3847/2041-8213/adf8d8
Dans son analyse, Avi Loeb compare cette découverte à une situation tout aussi déroutante : « Réaliser cela est aussi choquant que de photographier un animal dans votre jardin que les membres de votre famille identifient comme un chat des rues commun, alors que l’image montre une queue sortant du front de l’animal ». La seule tentative d’explication de cette caractéristique unique de 3I/ATLAS a été proposée dans l’article scientifique rédigé par Loeb et Keto.
Si le jet orienté vers le Soleil contenait des particules de poussière réfractaire, comme on en trouve dans les comètes familières, la lumière solaire diffusée aurait repoussé ces particules loin du Soleil par rapport au noyau massif de 3I/ATLAS. Les particules de poussière plus grandes, atteignant des centaines de micromètres, possèdent une surface plus petite par unité de masse et sont poussées moins efficacement par la lumière solaire, mais elles diffusent aussi moins efficacement cette lumière. Les particules les plus efficaces pour diffuser sont celles dont la taille est comparable à la longueur d’onde de la lumière solaire, environ 0,5 micromètre. Si de telles particules avaient été éjectées par 3I/ATLAS, elles se seraient définitivement manifestées dans une queue ralentie et décalée dans la direction opposée au Soleil par rapport au noyau massif.

Une illusion d’optique à exclure
Des anti-queues fictives ont déjà été observées auparavant pour certaines comètes, résultant d’une perspective géométrique lorsque la Terre traverse le plan orbital de la comète, qui offrent aux observateurs une orientation et qui permet de voir sous un angle différent les particules de poussière qui traînent derrière la comète. Cette illusion optique n’est définitivement pas en jeu pour 3I/ATLAS, qui affichait une véritable anti-queue vers le Soleil alors qu’il était encore loin, se déplaçant dans la direction du jet vers la Terre et le Soleil simultanément.
L’image initiale de Hubble révélait une lueur étendue pointée vers le Soleil. La direction d’observation n’était qu’à 10 degrés de la direction de 3I/ATLAS par rapport au Soleil, ce qui implique que si la lueur avait été observée de côté, elle aurait été environ 10 fois plus longue que large. Ce rapport d’axe de 10:1 constitue la géométrie d’un jet pointé depuis 3I/ATLAS vers le Soleil, comme l’ont souligné les deux scientifiques dans leur article scientifique.
Deux questions fondamentales
Face à ces observations, Avi Loeb pose deux interrogations essentielles : quelle est la nature de l’anti-queue, et pourquoi les experts en comètes ignorent-ils cette anomalie tout en insistant sur le fait que 3I/ATLAS est une comète familière? L’astrophysicien travaille avec Eric Keto sur un article de suivi consacré à la première question, basé sur la physique qu’ils ont développée. La seconde question, il la laisse aux historiens des sciences.
Une proposition récente suggère de détecter le panache gazeux de 3I/ATLAS lorsqu’il passera à 8 millions de kilomètres des sondes Europa Clipper et Hera au cours du mois à venir. Toutefois, Avi Loeb a calculé que puisque la densité du gaz sortant diminue inversement avec le carré de la distance, le panache gazeux serait balayé par le vent solaire à une distance d’un ordre de grandeur inférieur à la distance d’approche la plus proche de 3I/ATLAS avec ces deux engins spatiaux.
Source : Avi Loeb