Supposez qu’un objet venu d’un autre système stellaire traverse notre voisinage cosmique. Maintenant, imaginez qu’il se comporte d’une manière totalement inédite, défiant ce que nous pensions savoir des comètes. C’est exactement ce qui se passe avec 3I/ATLAS, un voyageur interstellaire qui force les plus grands esprits, comme l’astrophysicien Avi Loeb, à se poser une question : observons-nous un phénomène naturel rare ou autre chose ?
Un visiteur venu d’ailleurs nous « frôle »
En cette fin d’année 2025, un objet baptisé 3I/ATLAS fait la une de l’actualité astronomique. Il ne s’agit pas d’un astéroïde de notre quartier, mais bien d’un visiteur venu de l’espace lointain, d’au-delà de notre système solaire.
Le 19 décembre, il atteindra son point le plus proche de la Terre. En langage astronomique, « proche » signifie encore près de 269 millions de kilomètres. C’est une occasion en or pour nos télescopes de l’observer en détail. Et les premières images, notamment celles de l’astrophotographe Dan Bartlett, ont déjà révélé une surprise de taille.

La découverte qui change tout : une « anti-queue » géante
Vous avez sans doute en tête l’image d’une comète avec sa longue et magnifique queue de poussière et de gaz. Cette queue est toujours poussée par le vent solaire, pointant donc à l’opposé du Soleil.
Or, 3I/ATLAS présente quelque chose de différent : une « anti-queue ». C’est un panache de matière qui semble pointer… vers le Soleil. Et sa taille est proprement colossale : 500 000 kilomètres. Pour vous donner une idée, c’est plus que la distance qui sépare la Terre de la Lune (environ 384 400 km). Face à cela, le professeur Avi Loeb est formel : « Une anti-queue de cette taille n’avait jamais été observée auparavant pour une comète. »

Naturel ou artificiel ? Le cœur du débat
Alors, comment expliquer ce phénomène ? Deux hypothèses sont sur la table.
L’explication naturelle : L’objet pourrait être une comète qui libère des poches de gaz et de poussière avec une force phénoménale, comme un geyser cosmique. Pour former cette structure, la matière devrait être éjectée à plus de 130 m/s (soit 468 km/h). Les scientifiques doivent maintenant déterminer si un tel mécanisme naturel est plausible.
L’alternative spéculative : Si la nature ne peut expliquer cette vitesse, il faut envisager d’autres options. Comme le suggère Avi Loeb, « l’alternative est un jet provenant d’un propulseur technologique. » Attention, selon le l’astrophysicien, il ne s’agit pas d’une affirmation, mais d’une possibilité scientifique qui doit être explorée, au même titre que la première.
Pourquoi est-il si difficile de savoir ?
Si la question semble simple, la réponse est complexe, car nous manquons de points de comparaison. Nos télescopes actuels ne peuvent repérer que des objets interstellaires de la taille d’un terrain de football, au minimum. Tout ce qui est plus petit, ou plus rapide que les comètes habituelles, passe sous nos radars.
Avi Loeb utilise une métaphore très parlante : c’est comme chercher un partenaire dans un cercle de rencontres très restreint. Il est impossible de savoir si une personne est exceptionnelle avant d’en avoir rencontré un grand nombre. Pour les objets interstellaires, c’est pareil. Nous n’en avons détecté que très peu. Notre « bassin de rencontres interstellaires », comme il l’appelle, est encore bien vide.
Chaque objet inhabituel observé dans l’espace devient donc une chance d’élargir nos connaissances et, peut-être, de répondre un jour à la célèbre question du physicien Enrico Fermi : « Où est tout le monde ? ».
La conclusion d’Avi Loeb est un appel à l’action pour nous tous, curieux du cosmos. Pour lui, la meilleure chose à faire est de ne pas se contenter de spéculer, mais de « s’engager dans la recherche ».












