Selon ses promoteurs, ce projet de nouvel aéroport situé à 15 km au Nord de Nantes disposera de nombreux atouts dès sa mise en service prévue en 2017 : insertion paysagère, conditions optimales d’accessibilité et d’inter-modalité, contribution financière « limitée » des collectivités territoriales et de l’Etat, équipement attractif et évolutif, etc…
En réalité, ce projet emblématique du XXème siècle est d’abord et avant tout synonyme de destruction des terres agricoles et du bocage. Il y a quarante ans, peut être que les élus de l’époque auraient réussi à aveugler les citoyens en leur vendant du rêve sur catalogue comme ils essayent encore de le faire aujourd’hui. Mais l’époque a changé. Le XXème siècle est maintenant derrière nous, pour toujours.
En 2012, la France n’a toujours pas de pétrole. Elle n’a probablement pas assez de gaz de schiste exploitable dans des conditions environnementales satisfaisantes pour vivre un bis repetita des 30 glorieuses. Elle n’a pas non plus d’uranium en quantité suffisante pour assurer son indépendance énergétique. En revanche, elle a cette chance de disposer de riches terres agricoles ainsi que de ressources en eau. Deux ressources vitales qui sont déjà la proie de tous les désirs et de toutes les convoitises à l’échelle du globe. Deux ressources qu’il convient de préserver avec la plus grande attention tant elles vont jouer un rôle important pour notre avenir à tous.
Et que propose Monsieur Jean-Marc Ayrault et ses amis socialistes de la région Loire Atlantique en réponse à cela ? L’artificialisation irréversible de plus de 800 ha de terres agricoles au milieu du bocage nantais ! Face aux contradictions de plus en plus évidentes de notre modèle de développement, la stratégie du passage en force sera t-elle suffisante pour faire aboutir ce projet inutile et destructeur?
Mensonge parmi les mensonges, ce projet de nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes ne disposera jamais d’une desserte en transport collectif digne de ce nom. Pourquoi cette affirmation ?
Parce que les prévisions de trafic pour cette future plateforme aéroportuaire sont tout simplement incompatibles avec celles qu’il faudrait atteindre pour espérer voir un jour une desserte ferroviaire à grande vitesse reliant Rennes à Nantes via NDDL. Même constat s’agissant de la très hypothétique liaison Tram-Train depuis la gare de Nantes promise à l’échéance de la mise en service de l’aéroport. Les annonces en faveur de ces nouvelles infrastructures ferroviaires tentent de nier une réalité désormais inévitable : la réduction drastique des dépenses publiques dans les années à venir. La liaison à grande vitesse entre Rennes et Nantes ne se fera pas. Pas plus que la liaison Tram-Train entre ce futur aéroport et la liaison Nantes-Chateaubriand (Tram-Train) qui se fait attendre depuis plus de 3 ans déjà (ouverture prévue en 2013).
S’agissant des actions de résistance menées actuellement sur le site de ce futur aéroport, il y a une donnée que ses promoteurs ont manifestement sous-estimé : la formidable solidarité qui caractérise le monde agricole. On peut comprendre que les hommes politiques préfèrent ne pas la voir vu comme elle fait souvent défaut dans leur monde à eux…
J’arrête là pour ce constat sévère et pourtant bien réel. J’aurai aussi pu vous parler de la manipulation honteuse des chiffres relatifs aux prévisions de trafic pour le futur et de la soi-disant saturation de l’aéroport actuel. Dans le pays qui dispose d’un des meilleurs réseaux ferroviaires au monde, tant que l’on s’autorisera à prendre l’avion pour des trajets de moins de 800 kilomètres, le débat ne mérite même pas d’être.
Dernière chose : saviez-vous que rapporté au nombre d’habitant, la France figure déjà parmi les pays les plus richement dotés au monde en matière d’équipements aéroportuaires d’envergure internationale accessibles en moins de 3h depuis la très grande majorité de ses grandes villes?
[ Archive ] – Cet article a été écrit par Guillaume Porcher