Aides d’État: la Commission européenne ouvre des enquêtes approfondies

La Commission européenne a ouvert deux enquêtes approfondies distinctes pour évaluer si des projets français concernant un mécanisme de capacité à l’échelle nationale et un appel d’offres pour une nouvelle centrale au gaz située en Bretagne sont conformes aux règles de l’UE en matière d’aides d’État

La Commission craint que ces projets visant à rémunérer la capacité de production d’électricité puissent, dans le cas du mécanisme de capacité à l’échelle nationale, favoriser certaines entreprises par rapport à leurs concurrents et empêcher l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché et, dans le cas de la centrale au gaz située en Bretagne, soutenir un seul type de technologie ou une seule solution.

Mme Margrethe Vestager, commissaire chargée de la politique de concurrence, a déclaré à ce propos : "La France a un intérêt légitime à garantir à sa population la sécurité de son approvisionnement énergétique et à se protéger contre les risques de coupure d’électricité. Notre rôle consiste à garantir que les mesures prises présentent un bon rapport coût-efficacité et préservent la concurrence, de sorte que les tarifs de l’électricité restent maîtrisés".

Mécanisme de capacité à l’échelle nationale

Les mécanismes de capacité sont des mesures prises pour garantir la sécurité de l’approvisionnement en électricité. Généralement, ces mécanismes offrent des avantages supplémentaires aux fournisseurs de capacité de production d’électricité, en plus des revenus tirés de la vente d’électricité sur le marché, en échange du maintien de la capacité existante ou d’investissements dans de nouvelles capacités nécessaires pour garantir la sécurité de l’approvisionnement en électricité. Ces avantages supplémentaires peuvent avoir une incidence sur la concurrence sur le marché interne de l’électricité et doivent être appréciés au regard des règles de l’UE en matière d’aides d’État.

La France prévoit de mettre en place un mécanisme de capacité couvrant l’ensemble du marché national dans le cadre duquel des obligations de capacité seraient échangées entre les fournisseurs de capacité de production d’électricité (centrales électriques ou opérateurs du côté de la demande, par exemple) et les fournisseurs d’électricité. L’objectif est de garantir qu’il existe une capacité suffisante pour la production d’électricité et que cette production répond à la demande, en particulier lors des pointes de consommation survenant lors des hivers rigoureux.

La Commission craint que le mécanisme de capacité envisagé par la France puisse, sous sa forme actuelle, favoriser certaines entreprises par rapport à leurs concurrents et empêcher l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché. En outre, elle examinera si les objectifs du mécanisme ne pourraient pas être atteints par des mesures moins coûteuses et entraînant moins de distorsions. La Commission étudiera également si le mécanisme envisagé est réellement approprié pour encourager les investissements dans de nouvelles capacités.
 
Appel d’offres concernant une centrale au gaz située en Bretagne

Parallèlement à la mise en place d’un mécanisme de capacité à l’échelle nationale, la France a lancé un appel d’offres lié à la construction d’une nouvelle centrale au gaz (turbine à gaz à cycle combiné – TGCC) située en Bretagne.

L’objectif est d’augmenter la capacité de production d’électricité dans cette région, qui est mal connectée au reste de la France.

La Commission s’inquiète en particulier du fait que l’aide sera accordée à un seul type de technologie et n’est pas ouverte à d’autres solutions potentielles, comme celles également mises en œuvre en Bretagne (ainsi que le prévoit le «pacte électrique breton»), à savoir d’autres types de production d’électricité, une gestion de la demande, des extensions de réseau ou des solutions de stockage. De plus, à ce stade, la Commission considère qu’il existe un risque de voir se créer un marché dépendant des subventions, dans lequel les investisseurs n’élaboreraient des projets que sur la base d’appels d’offres prévoyant des aides d’État. En conséquence, l’appel d’offres pourrait, à long terme, risquer d’aggraver le problème d’adéquation de la capacité.

La Commission va maintenant examiner si ces craintes initiales sont justifiées. L’ouverture d’une enquête approfondie donne à la France et aux tiers intéressés la possibilité de faire part de leurs observations. Elle ne préjuge en rien de l’issue de la procédure.

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Verdarie

Région mal connectée,favoriser certaines énergies,empêcher l’arrivée de nouveaux acteurs,absence de concurrence,entente entre fournisseurs de capacité et fournisseurs d’énergie, voilà c’est dit ! Petits arrangements entre “amis”! On comprend mieux le peu d’intérêt des acteurs pour l’innovation.Enchaîné aux fossiles, il sera pas facile de sortir de ce piège dont peu de personnes ont conscience? Sauf que l’achat de fossiles c’est environ 60 milliards rien que pour la France chaque année.C’est 400 milliards pour l’Europe ! Si on multiplie 60 milliards par 40 ans, nous y retrouvons la totalité de notre dette actuelle.Vouloir règler cette dette ça commence par là! Car il faut en vendre des objets, donc en faire des efforts en productivité, en équipements, en nouveautés – qui profitent encore plus à ceux qui nous vendent l’énergie – pour règler cette facture qui se répète chaque année. C’est le tonneau des Danaïdes ! Nous sommes devenus les esclaves de nos fournisseurs qui adaptent le prix de l’énergie à la capacité de production et à la richesse produite pour pouvoir mieux la subtiliser. Citoyens, vous n’en ferez jamais assez car dans chacun de vos actes vous consommez l’energie que vous achetez à d’autres. Notre salut ne pourra donc venir que des énergies renouvelables puisqu’elles sont seules capables de nous sortir de ce cercle vicieux.Et même si nous devions payer plus chère cette énergie, ce qui n’est pas prouvé surtout avec un stockage économique, notre richesse profiterai à notre économie.Ce qui permettrait entre autre de créer des emplois et de mieux les payer. Raison de plus pour plébisciter les Enr !

dgewai

Quand la commission considère qu’il existe un risque de voir se créer un marché de l’électricité dépendant des subventions elle nous fait bien rigoler. Ce n’est pas un risque c’est la réalité. Si le dogme du marché, la sacro sainte “concurrence libre et non faussée”, avait été respecté, il n’existerait pas de photovoltaïque, d’éolien (et surtout pas en mer) qui ne tiennent que par des subventions déguisées, pas de loi Nome…. Il faut se rendre à l’évidence : le marché de l’électricité c’est une complète gabegie qui entraîne un gâchis de moyens et l’augmentation des prix.

Verdarie

Si je comprend bien vos propos,vous voulez dire qu’il faudrait attendre d’avoir complètement épuisé les ressources pour commencer à penser à l’après ? Le gachis n’est pas dans l’énergie renouvelable, il est dans l’énergie conventionnelle ! Tous vos gestes, tous ce que vous faites et même ce que vous ne faites pas consomme de l’énergie que vous seriez incapable de produire si vous ne pouviez l’acheter ? Si vouloir changer ce modèle, ce que je doute, est pour vous une gabegie ?………. Alors nous n’avons pas les même valeurs !