Certains poissons électriques perçoivent-ils le monde à travers les auras de leurs camarades ?

Certains poissons électriques perçoivent-ils le monde à travers les auras de leurs camarades ?

La nature regorge de mystères et de capacités fascinantes, souvent bien au-delà de ce que l’ingénierie humaine a pu imaginer jusqu’à présent. Un exemple étonnant de cette ingéniosité naturelle vient d’être mis en lumière par une récente étude sur les poissons électriques africains, révélant une forme de perception collective qui pourrait bien redéfinir notre compréhension des capacités sensorielles dans le règne animal.

Les poissons électriques africains, également connus sous le nom de poissons à nez d’éléphant, ont longtemps captivé les scientifiques par leur capacité à générer et percevoir des champs électriques. Cette aptitude leur permet de naviguer et de communiquer dans les eaux sombres et troubles de leur habitat naturel. Toutefois, une récente étude menée par Nathaniel Sawtell, PhD, et Federico Pedraja, PhD, de l’Institut Zuckerman de l’Université Columbia, a révélé une facette encore plus remarquable de ces créatures : la capacité de percevoir collectivement leur environnement.

Publiée dans la revue Nature, cette recherche montre que les Gnathonemus petersii, une espèce de poisson électrique, partagent instantanément des informations sensorielles au sein de petits groupes. Cette forme de perception collective leur permettrait d’identifier plus efficacement nourriture, amis et ennemis.

Comment fonctionne cette perception collective ?

Les poissons électriques se fient à des organes spécialisés pour émettre et détecter des champs électriques, un peu à la manière dont les chauves-souris et les dauphins utilisent des signaux acoustiques pour l’écholocation. Les chercheurs ont développé un modèle informatique simulant l’environnement électrique des poissons pour analyser cette capacité. Ils ont découvert que les poissons pouvaient détecter des objets plus efficacement en se connectant aux signaux émis par leurs congénères.

« Pensez à ces signaux externes comme à des images électriques des objets que les poissons électriques proches produisent automatiquement et transmettent à la vitesse de la lumière », explique le Dr. Pedraja. Cette collaboration permet à chaque poisson du groupe de recevoir différentes « vues électriques » d’une même scène, presque simultanément.

Les implications de cette découverte

Les résultats de cette étude suggèrent que la perception collective pourrait tripler la portée de l’électro-localisation des poissons électriques, offrant ainsi un avantage significatif pour leur survie. Les observations comportementales et les enregistrements neuronaux ont fourni des preuves supplémentaires de cette capacité, révélant des formations spécifiques et des dialogues électriques précis entre les poissons qui favorisent la perception collective.

« Ces poissons possèdent certains des plus grands rapports masse cérébrale/corps de tous les animaux de la planète », souligne le Dr. Sawtell. Cette constatation amène à se demander si ces cerveaux exceptionnellement grands sont nécessaires pour une perception sociale rapide et hautement sophistiquée.

Cette étude ouvre non seulement une fenêtre sur les capacités sensorielles extraordinaires des poissons électriques mais pose également des questions fascinantes sur l’évolution de la perception collective dans le règne animal. Elle illustre une fois de plus la complexité et l’ingéniosité de la vie sur notre planète, offrant des perspectives inédites qui pourraient inspirer de futures innovations technologiques.

Légende illustration : Des millions de ménages britanniques toujours en difficulté à cause de la crise des prix de l’énergie

L’article, “Collective Sensing in Electric Fish,” by Federico Pedraja and Nathaniel Sawtell of Columbia’s Zuckerman Mind Brain Behavior Institute, was published online in Nature on March 6, 2024. 

[ Rédaction ]

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