Conférence environnementale : “créer un vrai statut du petit éolien”

La France possède le deuxième gisement de vent en Europe et, de grandes ambitions dans le développement des énergies renouvelables.

La France a, en effet, souhaité aller plus loin que les directives européennes en proposant non pas 20% mais 23% d’énergies renouvelables dans son mix énergétique.

Néanmoins, l’État français s’est uniquement concentré sur le grand éolien, laissant à l’abandon le petit éolien. Les deux filières sont logées à la même enseigne, alors que les directives qui s’appliquent très bien à l’une, sont totalement inadaptées à l’autre. En effet, celles-ci ne répondent pas aux mêmes besoins.

Le grand éolien est utilisé dans des grands parcs de plusieurs machines, situé dans des Zones de Développement Eoliens (ZDE), son but est de produire de l’énergie en quantité abondante. A contrario, le petit éolien est plutôt installé chez des particuliers, des PME, des exploitations agricoles, des supermarchés, etc., l’énergie produite localement vient souvent d’une seule machine, et le but est de réduire la facture énergétique. C’est pourquoi, le petit éolien doit sortir des ZDE et avoir son propre statut.

 

Avis d’expert de Jérôme Bousquet

Directeur Général et fondateur d’Eolys

 

Nos voisins européens ont compris cela : ils font tous une distinction entre le petit et le grand éolien.

Ils ont adopté une législation différente pour les deux filières ; des distinctions portent sur plusieurs domaines, comme le tarif d’achat, la demande de permis de construire, la réalisation d’une notice d’impact. En Angleterre, le tarif d’achat est fixé entre 31 et 34 c€ du kWh, en Italie, il est de 30c€ du kWh, au Benelux et Espagne, de 16c€ du kWh. L’Italie impose une simple déclaration de travaux pour toute machine de puissance inférieure à 60kW, le permis de construire et la notice d’impact ne sont pas fonction de la hauteur du mât comme en France, mais de la puissance de la machine. L’expérience prouve que le rendement et la production peuvent augmenter de 40% entre un mât de 12 et de 18 mètres.

Aujourd’hui, en France le petit éolien n’a aucun tarif d’achat de la part d’EDF
. Nous avons dû trouver pour nos clients un autre fournisseur d’énergie, mais celui-ci rachète l’électricité au prix de 6c€ du kWh, prix très inférieur au marché.

En outre, il y a une grande disparité entre les installations de moins de 11 mètres et celles de plus de 12. En effet, on voit fleurir de manière anarchique des éoliennes de toit, ou de petites éoliennes sur des mâts de 9 à 10 mètres dans des lotissements sans aucune demande auprès des autorités, créant des conflits de voisinage et ternissant l’image du petit éolien. À l’opposé, il est très contraignant de mettre une éolienne sur un mât de plus de 12 mètres, sans se voir confronter à une demande de permis de construire et de notice d’impacte, aberrant pour une machine de moins de 30 mètres. Les décideurs locaux, mal informés, ont souvent du mal à statuer sur l’acceptation du permis de construire.

Toutes ces anomalies juridiques finissent souvent par décourager les potentiels acquéreurs de petites éoliennes.

Pourtant, le marché pourrait être très porteur en France, de nombreux acteurs son intéressés par le petit éolien. Les professionnels de la filière se sont déjà réunis, ils ont créé l’AFPPE (Association Française des Professionnels du Petit Eolien).

En 2010 la filière comptait 1101 emplois dont 224 emplois directs dans le secteur du petit éolien. Le changement de la législation permettrait de créer des emplois et de la croissance.

En effet, outre-manche, le secteur du petit éolien comptait environ 9 000 emplois en 2009, dont 1750 emplois directs. Selon une étude du BWEA, pour chaque emploi direct crée par les constructeurs, 2 emplois sont générés chez les fournisseurs ainsi que 2 emplois en aval chez les distributeurs et installateurs. Le marché du Royaume Uni, connaît depuis 2009 une croissance de 180%, le propulsant au deuxième rang mondial derrière les États Unis.

"En période de crise économique, une filière créatrice d’emploi et de richesse est un atout majeur pour participer à la relance l’économie. Nous devons ensemble, ouvrir le débat sur le sujet, afin de créer un vrai statut du petit éolien, fondé sur des droits et des devoirs" a conclu Jérôme Bousquet.

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fredo

Les acteurs du petit eolien ne doivent pas sous estimer l’énorme hostilité des géants archi dominants de l’énergie envers les énergies renouvelables réparties, ni les relais dont ils disposent chez les élus et les administrations. L’exemple du grand eolien le montre: on risque d’alignement pur et simple du petit sur le grand éolien. au nom des contre références du petit éolien. Ce qui donnerait: victoire: instauration d’un tarif d’achat à 0,08€/kwh MAIS pour des eoliennes à plus de 500m d’une habitation avec instauration d’une obligation de “simple” déclaration préalable (équivaut à un permis de construire en pratique s’il faut fournir des études d’impact visuels et avifaune ce qui ne ratera pas) avec consultation de l’architecte des Bâtiments de France (systématiquement opposés aux ENR qui défigurent le paysage selon eux), ce qui permettra suite à l’affichage lors de la période de recours des tiers aux voisins (nouveaux adhérents de Vent de Colère?) de s’opposer, tout ça en gardant hauteur de mât max inférieure à 12m. Je ne donne pas cher de la filière du petit éolien qui risque encore de régresser (déjà qu’on doit être en FRance à 300 installations en petit éolien par an à la louche), dommage!

traonvouez

Quel intéret pour le petit éolien? créér des emplois? Aucun intéret, vu des ministères à Paris et des tours de la défense. idem pour le petit photovoltaïque, le petit etc… et vive LE GRAND SOVIET

Matt graff

En des temps où notre cher nouveau président doit faire des économies, j’ai malheureusement peur que l’Etat ne puisse que difficilement répondre à cette demande de tarif de rachat, pourtant légitime et incitative. Et pourtant en effet, cela a été mis en place chez nos voisins européens avec un franc succès. Mais la première cohérence, et celle ci très facile à mettre en place, serait de pouvoir décompter son surplus de production au lieu de laisser repartir ces kW gratuitement chez EDF qui, soit dit au passage ne s’en plaint pas. Concernant maintenant la loi des – de 12m, elle profite à ces vendeurs de pacotilles qui vantent aujourd’hui les mérites des éoliennes de pignon, pure invention française qui ne produit pas plus qu’une dynamo de vélo, tout en étant un produit dangereux puisque souvent installé sur des mâts légèrement fixés avec du petit outillage acheté dans un supermarché de bricolage. Ceux qui ont eu entre leurs mains le manuel d’installation d’une de ces machines comprennent aisément ce que je veux dire… Mon avis de professionel est que l’éolien en ville ou même en zone pavillonnaire n’a pas encore sa place. La turbulence des vents façon ne propose que peu d’énergie exploitable. Et les éoliennes développées à ce jour ne sont pas du tout adaptées à ce type de condition. Encore trop bruyante pour certaines, des vitesses de démarrage encore trop élevées, sensibles au turbulences, et des produits encore très couteux face à la puissance réelle proposée… J’anticipe certains commentaires et rétorque que l’éolien vertical permettra de mieux profiter des turbulences en comparaison avec de l’éolien horizontal, il est vrai. Mais ce vent reste peu puissant et ne produit donc que peu d’énergie face à l’investissement global plus élevé . Pour rappel la puissance est une fonction du cube de la vitesse du vent donc un doublement de la vitesse induit 8 fois plus de puissance exploitable. L’éolien en ville n’a donc que pour seul intérêt des fins marketing pour des sociétés en souhait de redorer leur image “green”, même si certains fabricants sont persuadés d’avoir conçu le produit magique qui répondra à ces contraintes particulières. Pour ma part je n’y crois plus, et pourtant ce n’est pas faute d’avoir essayé. Et que celui qui me dira le contraire ne vienne pas argumenter avec les derniers essais ultra géniaux qu’il aura effectué en soufflerie, j’esquisserai alors un large sourire. Cependant, dans le but de dynamiser avec cohérence cette filière, il pourrait être envisagé de contrôler les distances entre une éolienne et une habitation voisine afin d’éviter les dérives que nous connaissons aujourd’hui (pas comme le grand éolien bien sûr avec les 500m mais une centaine de mètre me semblerait pertinent à la vue des produits existants). Cela éviterait dans un premier temps de voir profuser ces nouvelles sociétés vantant les mérites des éoliennes de pignon ou osant proposer des éoliennes de 6kW sur un mât de 11m en pleine zone pavillonaire à 30m à peine des habitations voisines. Et en contrepartie de cette restriction, au delà de cette distance d’une centaine de mètre des habitations voisines, le législateur pourrait alors autoriser des implantations jusqu’à une trentaine de mètre de haut sans pour autant devoir passer le parcours du combattant pour obtenir la moindre autorisation… On interdirait donc d’installer dans certaines zones, moins de 12 ou pas, mais on autoriserait d’installer avec moins de contraintes dans les autres secteurs. Petit détail, j’aimerais juste corriger les chiffres de Fredo qui annonce 300 installations à la louche par an. Heureusement que ce chiffre est aujourd’hui bien supérieur, même si encore trop faible, là par contre je suis d’accord… A bon entendeur! Voici mon avis, discutable bien sûr. Cet avis se base sur plusieurs années d’expériences dans le secteur. Je ne souhaite pas informer de la société dans laquelle je travaille, n’étant pas là pour la mettre en avant ni pour entendre d’éventuels détracteurs. Cela serait hors sujet. Je tiens simplement à enrichir cette réflexion! Bon vent à tous!

De passage

Une firme canadienne vend de petites éoliennes 600w pour 600€. En bricolant son mât, on peut – s’il n’y a pas de voisins – n’investir que 1000€/Kw (ce qui reste très inférieur au coût des grandes éoliennes..) avec en gros 63€/an d’amortissement sur 25ans. Avec une production de 750heures par an pour tenir compte des pertes de rendement explicitées plus haut, soit 750KWh/an/Kw, le ccoût du KWh ne serait que de 0.084€ !!! Compte tenu du prix marginal du KWh EdF aux environs de 0.17€ TTC, tout particulier peut réduire sa facture sensiblement sans chercher à revendre son courant à RTE. Et ceci serait encore plus valable en Allemagne, Italie et Danemark où le KWh est vendu au particulier au dessus de 0.25€. Bien sûr il faut pouvoir tout utiliser sa production. réponse: consommation tout venant et surproduction temporaire dirigée vers le chauffe-eau. Quand on peut stocker, tout change.

Lionel_fr

Un régulateur 30A à 80€ et une batterie recyclée désulfatée au sulfate de magnésium : A peu près 100€. Inutile de se préoccuper de l’autodécharge de batterie puisque le frigo à lui seul va la vider à toute vitesse : prévoir une coupure sur voltmètre .. Quitte à avoir du matériel , autant l’optimiser.. Le régulateur fera aussi merveille avec quelques panneaux solaires bon marché.