Les métaux Kagome, inspirés d’un motif traditionnel japonais de vannerie, suscitent un intérêt croissant dans le domaine de la physique quantique. Une étude récente, dirigée par le professeur assistant de physique Guangxin Ni de l’Université de l’État de Floride, explore comment un métal Kagome particulier interagit avec la lumière pour générer des plasmon-polaritons, des ondes liées d’électrons et de champs électromagnétiques à l’échelle nanométrique.
Les métaux Kagome, découverts en 2019, possèdent une structure atomique qui rappelle le motif symétrique des triangles entrelacés de la vannerie japonaise traditionnelle. Ces matériaux intriguent les physiciens en raison de leurs propriétés électroniques et optiques singulières.
Les recherches antérieures se sont concentrées sur les plasmons dans les métaux classiques, mais les métaux Kagome, comme le césium vanadium antimonide (CsV3Sb5), présentent des comportements électroniques plus complexes. Les chercheurs ont identifié pour la première fois l’existence de plasmons dans CsV3Sb5, ouvrant la voie à des applications photoniques plus précises et efficaces.
Interaction entre lumière et métal Kagome
En étudiant CsV3Sb5, les chercheurs ont découvert que la longueur d’onde des plasmons dépend de l’épaisseur du métal. De plus, en modifiant la fréquence d’un laser, les plasmons se transforment en «plasmons de volume hyperboliques», se propageant à travers le matériau au lieu de rester confinés à la surface. Cette propagation réduit les pertes d’énergie, permettant une transmission plus efficace.
Le professeur Ni explique : «Les plasmon-polaritons hyperboliques sont rares dans les métaux naturels, mais notre recherche montre comment les interactions électroniques peuvent créer ces ondes uniques à l’échelle nanométrique. Cette découverte est cruciale pour les technologies en nano-optique et nano-photonique.»
Techniques de recherche et observations
Pour explorer les interactions des plasmons avec le métal, les chercheurs ont cultivé des cristaux uniques de CsV3Sb5 et les ont placés sur des surfaces d’or spécialement préparées. Grâce à des lasers et à l’imagerie nano-infrarouge, ils ont observé comment les plasmon-polaritons changeaient de manière intéressante.
Hossein Shiravi, auteur principal et assistant de recherche diplômé au National High Magnetic Field Laboratory, déclare : «Nous avons découvert que sur une large gamme de fréquences de lumière infrarouge, les propriétés électriques corrélées du métal déclenchent la formation de plasmons de volume hyperboliques.»
Applications potentielles et perspectives futures
Les plasmon-polaritons hyperboliques offrent des fonctionnalités et des capacités nano-optiques remarquables. Ils peuvent améliorer les systèmes de communication optique, permettre une imagerie ultra-claire au-delà des limites actuelles et optimiser les dispositifs photoniques. Ils pourraient également être utiles pour détecter les changements environnementaux et les diagnostics médicaux en raison de leur forte réactivité à leur environnement.
Le métal CsV3Sb5 se distingue par ses propriétés électroniques et optiques inhabituelles, comme la capacité potentielle à forcer les ondes de plasmons à se déplacer dans une seule direction. Les avancées récentes en imagerie à l’échelle nanométrique ont permis aux chercheurs de mener à bien leurs travaux.
Le professeur Ni conclut : «Les pertes électroniques rencontrées dans les métaux conventionnels ont compliqué les efforts pour observer les effets exotiques de couplage lumière-matière, y compris les polaritons hyperboliques. C’est ce qui rend cette découverte passionnante. Il sera intéressant de continuer à explorer les phénomènes nano-optiques dans les métaux non conventionnels en raison de leur potentiel pour les technologies futures.»
Article : « Plasmons in the Kagome metal CsV3Sb5 » – DOI: 10.1038/s41467-024-49723-x