Vingt-sept ans jour pour jour après sa fondation dans le garage de Susan Wojcicki, Google domine toujours la recherche en ligne et façonne le quotidien de milliards d’internautes. Leur longévité n’a pourtant pas toujours été un long fleuve tranquille. Chaque succès planétaire de Gmail à Android s’est également accompagné de projets avortés ou éclipsés, qu’ils s’appellent Google Glass ou Google+. Retour sur une trajectoire jalonnée d’innovations, de paris audacieux et de quelques faux pas mémorables.
Des débuts académiques
Larry Page et Sergey Brin ne cherchaient qu’un algorithme de classement pour leurs travaux doctoraux à Stanford lorsque « BackRub » voit le jour en 1996. Le 4 septembre 1998, Google Inc. est officiellement constituée. Moins de six ans plus tard, l’introduction en Bourse du 19 août 2004 valorise déjà l’entreprise à 23 milliards de dollars créant un véritable séisme dans la Silicon Valley.
Voici la première page d’accueil de google en 1998 !

Sous la devise restée célèbre « organiser l’information mondiale et la rendre universellement accessible », le duo mise sur une technologie plutôt que sur un portail. Le PageRank calcule la popularité d’une page grâce à ses liens entrants, ce qui surpasse les annuaires (comme Yahoo) et les moteurs de recherche rivaux déjà saturés de publicités.
Une expansion tous azimuts
Dès le milieu des années 2000, Google diversifie son portefeuille :
- 2004 : lancement de Gmail, précurseur du webmail à capacité illimitée.
- 2005 : Google Maps démocratise la cartographie interactive.
- 2006 : rachat de YouTube, future usine à vidéos planétaires.
- 2008 : Chrome bouleverse le marché des navigateurs.
- 2011 : Android dépasse Symbian puis iOS et devient le système d’exploitation mobile dominant.
Ce foisonnement s’explique par une méthode maison qui est de sortir rapidement un produit en version bêta, en mesurer l’usage, puis adopter la méthode de l’ajustement ou… de la suppression. « Chez Google, l’échec est une option tant qu’il accélère l’apprentissage », confiait à l’époque Sundar Pichai en 2017, rappelant le culte interne de l’itération rapide.
Les revers d’un géant
Derrière ce palmarès se cache également un véritable cimetière numérique. Ainsi, plus de 260 produits sont abandonnés selon un décompte non officiel. Parmi les plus emblématiques :
Projet | Période | Pourquoi ça n’a pas pris ? |
---|---|---|
Google+ | 2011-2019 | Inefficace face à Facebook, sécurité mise en cause |
Google Glass | 2013-2015 (grand public) | Prix prohibitif, questions de vie privée |
Google Wave | 2009-2012 | Concept trop complexe pour le grand public |
Google Buzz | 2010-2011 | Intégration invasive à Gmail, problèmes de confidentialité |
Ces échecs démontrent que la puissance de l’ingénierie ne garantit ni l’adoption sociale ni la clarté d’usage. Ils indiquent aussi que la gouvernance de Google n’hésite pas à couper les branches mortes pour mieux se recentrer.
Alphabet ou comment scinder pour mieux régner
En 2015, la création de la holding Alphabet Inc. place Google au rang de filiale et clarifie la répartition des paris futuristes : Waymo (voitures autonomes), Verily (santé), DeepMind (IA). L’objectif sera d’offrir plus de lisibilité aux marchés tout en maintenant la fameuse culture start-up.
« Nous restons convaincus qu’un petit groupe aux commandes peut changer le monde », écrivaient Page et Brin aux investisseurs lors de la réorganisation.
Aujourd’hui, la firme de Mountain View fait face à une accumulation de contentieux allant des procès antitrust aux États-Unis et en Europe, aux critiques sur la collecte de données, et enfin à la concurrence accrue d’OpenAI sur l’IA générative. La sortie précipitée de Gemini, son chatbot conversationnel, est restée emblématique. L’agilité historique de Google à sortir des produits innovants pouvait aussi rimer avec déception.
Un pari permanent
À 27 ans, Google est à la croisée des chemins. Il doit maintenant défendre son empire publicitaire, maîtriser la prochaine révolution de l’IA (Gemini, Nano Banana) et contenir la défiance des lois et réglementations. L’entreprise saura-t-elle conserver cet équilibre entre innovation débridée et responsabilité sociétale ? Le moteur de recherche qui indexait 60 millions de pages en 1998 contre des milliards actuellement continue pourtant encore d’écrire l’une des sagas les plus incroyables de l’ère numérique.
Source : Google | Wikipedia