« Green IT, mythe ou réalité dans les entreprises »

Des dirigeants et des représentants d’entreprises dans le Green IT (LITT : Technologies de l’information verte), ainsi que des experts du secteur de la distribution informatique ont répondu présent fin juin à l’invitation d’une table ronde sur le thème « Green IT, mythe ou réalité dans les entreprises ».

A l’intiative d’Amezis, une agence conseil en communication environnementale, cette table ronde avait pour vocation de débattre des questions relatives à la mise en place d’une politique informatique tournée vers les technologies vertes et de passer en revue les interactions entre les différentes composantes de l’écosystème Green IT.

Certaines grandes tendances ont émergé des débats :

1) Une mise en place timide de solutions Green IT dans les entreprises mais des progrès encourageants avec une accélération du phénomène laissant présager une généralisation du Green It dans les organisations dès 2011.

Seulement 47%* des sociétés mondiales intégreraient les contraintes du Green-IT dans leur politique informatique. Un chiffre inquiétant qui masque néanmoins de réels progrès.
Près de 56 %* des entreprises interrogées auraient ainsi imposé des critères techniques du Green-IT dans leurs appels d’offres en hausse de 27%* par rapport à 2007.
La tendance pourrait d’ailleurs s’amplifier avec la fin de la crise économique.

Un nombre croissant de directions des systèmes d’information (DSI) mettent en place une politique Green IT. Mais seulement 16%* des entreprises cherchent à suivre l’évolution du cadre de plus en plus strict vis-à-vis de l’environnement. *Source Forrester. Pour parvenir à ces résultats, le cabinet d’études a interrogé 600 entreprises représentées par 900 professionnels du monde entier.

2) De nombreuses solutions et produits œuvrant pour le Green It existent.

La recherche avance portée par les PME. La France n’a pas à rougir avec nombre de « pépites technologiques » ayant développé des solutions et produits innovants. ASHELVEA, AVOB, OS CARBON en sont la parfaite illustration. Un risque toutefois, que ces pépites soient rachetées par un gros « player » freinant l’esprit d’innovation de leurs dirigeants.

3) La mise en place de solutions Green It dans les entreprises et collectivités prend du temps.

Thierry Michalak, DSI adjoint de TF1 et membre du club développement durable du groupe Bouygues explique « une démarche tournée vers le Green IT prend du temps et est difficile à mettre en œuvre. Le groupe TF1 a du « rééduquer » 4000 salariés pour qu’ils éteignent leur poste de travail avant de partir. Une véritable « rééducation collective », qui doit se faire en douceur mais qui à terme permet à TF1 de faire plus de 80 000 euros d’économie d’énergie par an. »

4) Le Green IT s’inscrit pour les entreprises et organisations dans un contexte plus général de politique environnementale et responsable.

« TF1 tend à développer une éco-production, c’est-à-dire une production moins polluante qui concerne par exemple les déplacements physiques, la consommation, la restauration (gaz à effet de serre pour la réfrigération)… TF1 a créé un portail interne d’informations pour sensibiliser les équipes. Des forums sont organisés pour expliquer aux collaborateurs les diverses initiatives misent en place au sein du groupe. Nous avons également créé un club regroupant les décideurs des sociétés du groupe Bouygues, nous permettant d’échanger autour des solutions de Green IT intéressantes à mettre en place pour chaque entité » explique Thierry Michalak.

5) Le ressort principal pour la mise en place de solutions Green It est économique et non environnemental.

Pierre Duchesne, président et fondateur d’Avob analysa les motivations poussant les entreprises à se lancer dans le Green IT : « La majorité des entreprises gardent en tête une problématique de rentabilité avant tout investissement ce qui explique qu’aujourd’hui les solutions Green IT doivent avant tout être économiques et non écologiques !

Les décideurs des grands comptes doivent systématiquement prendre en considération pour leurs prises de décisions deux paramètres essentiels » explique-t-il, « la réalité économique et les obligations écologiques. Cette crainte articulée autour du spectre de la rentabilité peut nuire au bon souhait d’une entreprise à entreprendre une réelle démarche de développement durable. »

6) Un frein dans le déploiement des technologies Green IT est que bien souvent, le poste de DSI est démarqué du poste de Directeur des services généraux.
La mise en place de solutions Green It implique une surcharge de travail dans les équipes informatiques et systèmes d’informations pour un bénéfice en économie d’énergie affecté aux services généraux et non au poste informatique.

Thierry Michalak revient sur la création du club « développement durable » entre les entités du groupe Bouygues : « notre club nous a permis d’effacer ce frein entre DSI et directeur des services généraux car nos séminaires nous permettent d’échanger, de présenter et de débattre des meilleures solutions ensemble. Une discussion indispensable pour trouver les organisations les plus efficaces au sein du groupe. »

7) La mise en place de solutions environnementales nécessite d’avoir des unités de mesure.

Les progrès ne sont effectifs que si ils peuvent être mesurés. L’absence de normes est un frein. « Vous ne pouvez pas améliorer si vous ne pouvez pas mesurer » déclare Thierry Michalak, DSI adjoint de TF1. « Les normes actuelles sont insuffisantes et la seule ISO 14000 ne suffit plus aujourd’hui à départager toutes les solutions présentes sur un marché en pleine expansion. »

8) Une des difficultés pour nombre d’entreprises ou collectivités locales réside dans la difficulté à connaître les solutions et produits Green IT existants sur le marché.

La communication des PME « pépites technologiques » vers les décideurs acheteurs n’est pas simple. Les Sociétés de Services et Distribution Informatique (SSDI) ont ainsi un rôle primordial dans la recherche de solutions informatiques tournées vers les technologies vertes et la propagation de ses solutions Green It dans les organisations.

Thierry MARTIN, Président de LNA : « notre préoccupation première est de proposer à nos clients des solutions innovantes performantes et adaptées à leurs projets. LNA a également dans son ADN le respect, respect des hommes et de l’éthique mais également respect de l’environnement ; c’est pourquoi nous préconisons et privilégions les solutions et infrastructures informatiques limitant au maximum leur empreinte environnementale.».

9) Les différentes PME proposant des Solutions Green It (datacenters, logiciels, ordinateurs…) doivent se fédérer, dialoguer ensemble et proposer ainsi à leurs clients des solutions Green It complémentaires.

C’est ce que Pierre Duschesne durant la table ronde a qualifié de « Green IT 2.0 ». Il est important de mettre en place de nouveaux systèmes de collaboration insistant sur l’échange entre les solutions, les distributeurs et les clients finaux. Thierry Martin, président et fondateur de LNA présente le modèle de sa SSDI LNA en expliquant : « Au travers de notre politique de veille intensive, nous nous efforçons de présenter systématiquement aux prospects les meilleures solutions Green IT que nous dénichons. Nous essayons à terme d’approcher les nouveaux marchés en ne parlant que d’une seule et unique voix avec ce partenariat. »

Le Green IT fait partie des tendances majeures du 21e siècle et chacun est d’accord pour dire que nous ne sommes qu’aux balbutiements du mouvement. Gilles Thomas-Guiroy, en guise de conclusion, apporte une pierre à l’édifice en soulignant que les énergies fossiles ne sont pas inépuisables et que le Green IT représente pour les entreprises une opportunité pour se libérer de leur dépendance.

** Green IT : concept consistant à tenir compte des contraintes et des coûts en énergie (alimentation électrique et climatisation) des matériels informatiques. Les objectifs de l’informatique verte sont de mesurer et d’améliorer la performance énergétique des outils de production informatique. Pour être véritablement pertinente et crédible, une démarche de type informatique verte doit reposer sur des éléments concrets. Disposer d’informations quantifiées permet alors de prendre des décisions à la fois économiques et écologiques lorsqu’il s’agit d’opter pour tel ou tel équipement ou de mesurer l’impact financier d’un plan d’évolution.

[ Dernière mise à jour : 16/08/10 à 12h00 ]

         

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Mamouth

J’aurais aimé avoir d’abord une présentation de ce que le terme “Green IT” recouvre.

Green it

La définition la plus largement acceptée du Green IT, forgée par les acteurs du domaine, est disponible ici : . Je ne la recopie pas car elle est un peu longue.