La France doit penser Tesla… pas Mia

Néanmoins, ce raz de marée a bien lieu actuellement, mais en Norvège : 20.3% des voitures vendues sont électriques (0.3% en France)… avec une tendance soutenue. La Tesla S est en tête avec 1494 unités rien que pour le mois de mars. Est-il bien raisonnable que l’état français soutienne Mia qui a vendu 9 unités au premier trimestre 2014 ?

Tesla prépare un véhicule compact (Tesla C) qui devrait parcourir 300 km, pour 30000$ (hors bonus). La Tesla S, bien que sur un segment premium (à partir 60k€) s’arrache partout dans le monde. Les délais d’attente sont de 5 mois en France, et le véhicule est considéré par la presse comme le meilleur, tous modèles confondus. Fort d’une image très forte, et d’un retour d’expérience sur la gamme S, le constructeur Californien pourrait bien bouleverser le paysage automobile d’ici à 5 ans avec son très attendu modèle C. Une méga usine à 5 Mds de dollars en construction sera capable de fournir des batteries moins chères et en quantité pour suivre la demande.

Le chinois BYD est très avancé sur la batterie Fer phoshate, fiable et peu couteuse qui équipe des bus électriques qui raflent la plupart des marchés à travers le monde. Ce constructeur fabriquera les futurs taxis londoniens électriques.

Daimler vient de racheter l’ensemble des parts de son fournisseur de batteries.

La lucidité impose que voir que la Mia, par son design et ses performances n’est pas la voiture électrique qui se vendra aujourd’hui ni demain. Ce type de voiture pouvait combler une niche tant qu’il n’y avait pas d’offre. Mais les temps ont changé : a part les administrations si elles y sont contraintes, quel particulier voudra acheter une Mia quand on peut se procurer une ZOE, Leaf, E-up, I3 ..?

Le soutien du véhicule électrique peut se faire à deux niveaux : à l’usage et au niveau industriel.

– soutien à l’usage. C’est très simple : il suffit de copier la Norvège (stationnement urbain gratuit, voie de bus, gratuité des péages de tunnels urbains) à une différence près. En revanche, ne exempter les véhicules de TVA, mais maintenir le bonus en l’état, ce qui est moins couteux pour les finances et favorise les constructeurs français.

– soutien industriel :

1. Envisager un airbus (le terme est à la mode) de la batterie, et pas forcément autour de la Bolloré (pénalisée par son fort taux d’autodécharge), pour espérer contrer Tesla d’une part, BYD d’autre part ainsi que les fabricants coréens… ou à défaut "prendre la roue" d’un de ces leaders en créant des coentreprises tant qu’il est temps (Tesla recherche des partenaires pour sa Mega-Factory).

2. Investir massivement dans le smartgrid, qui associé aux capacités de stockage des véhicules électriques permettra d’augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique. La France a des champions mondiaux dans ce domaine.

En conclusion, l’heure de choix stratégiques est arrivée. Il serait vraiment catastrophique de passer à côté des vrais choix, même si les conséquences sociales à court terme risquent d’être douloureuses (en particulier en termes d’image pour le gouvernement).

[ Archive ] – Cet article a été écrit par JC Papazian

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