La multiplication des nids de frelon asiatique à pattes jaunes atteint un sommet jamais observé dans l’Hexagone. Au mois d’août, la plateforme de surveillance * en Auvergne Rhone-Alpes annonce avoir enregistré 2 410 nids certifiés, affichant une augmentation de 70% par rapport à l’an passé. L’insecte invasif intensifie ses attaques dès juillet affectant ruchers et zones arboricoles, incitant responsables publics, entomologistes et apiculteurs à resserrer leurs dispositifs de défense.
Installé aujourd’hui sur tout le territoire métropolitain, le Frelon asiatique à pattes jaunes (Vespa velutina) constitue une menace sérieuse pour la biodiversité, l’apiculture et la santé publique. Classé espèce exotique envahissante, il cause chaque année des pertes évaluées à 11,9 millions d’euros pour la filière apicole. Un seul nid peut dévorer en moyenne 11,32 kg d’insectes par saison, entraînant un déclin marqué des populations d’abeilles domestiques et d’insectes auxiliaires. **
Le printemps dernier a vu l’adoption d’un texte donnant à « Vespa velutina » le statut de danger sanitaire de deuxième catégorie.*** Cela signifie que la destruction des nids est confiée à des opérateurs habilités, tandis que le piégeage printanier se limite désormais à des équipements sélectifs. Les préfets sont chargés de généraliser cette organisation à travers des arrêtés locaux avant la mi-septembre, rendant possible la prise en charge des demandes dès la fin de la saison apicole.
Les acteurs du plan national en première ligne
Le plan coordonné par GDS France, FREDON France et InterApi entame sa première saison intégrale. Les responsables régionaux orchestrent la reconnaissance des foyers, la formation des professionnels de terrain et la diffusion de supports pédagogiques à destination des collectivités et du grand public. La volonté affichée est d’accroître l’efficacité sans compromettre pour autant la survie d’espèces pollinisatrices, de plus en plus rares, telles que les bourdons ou les papillons.
La cartographie des signalements montre leur expansion : si le Sud-Ouest conserve son statut de territoire prioritaire, la Bourgogne-Franche-Comté observe une recrudescence notable. Dans certains départements côtiers, les équipes de neutralisation approchent leur seuil de saturation dès la deuxième quinzaine d’août. Sur le terrain, les apiculteurs constatent jusqu’à 30% de pertes de butineuses au sein des ruchers insuffisamment armés.
Afin d’alléger leur impact économique, le fonds national d’indemnisation a déployé un guichet unique pour les apiculteurs affectés, couvrant la moitié des pertes déclarées entre juillet et décembre. Plusieurs représentants professionnels questionnent la capacité du dispositif à suivre la cadence, dans un secteur où la baisse de production de miel et la hausse des dépenses de protection mettent de nombreuses exploitations sous pression.
Un arbitrage écologique au cœur des débats
La généralisation des pièges artisanaux soulève également des inquiétudes : jusqu’à 80% des captures impliquent des insectes non ciblés, ce qui accentue la fragilité de la biodiversité locale. La stratégie recommande donc les pièges à phéromones en début de saison et privilégie les « harpes » électriques autour des ruchers durant les périodes de prédation. Les premiers résultats semblent encourageants, mais leur efficacité à grande échelle et leur innocuité restent à confirmer.
Parmi les initiatives marquantes, figure la création en Gironde d’un piège sélectif grâce à la récupération de matériaux courants et l’impression en trois dimensions. Des tests prometteurs démontrent une réduction du nombre de nids sans atteinte aux abeilles. Les instituts spécialisés planifient une validation scientifique rigoureuse avant toute éventuelle généralisation. Les réseaux apicoles appellent à une vigilance accrue pour éviter tout effet secondaire sur les pollinisateurs.
Quels enjeux pour les prochains mois
Deux points sont particulièrement scrutés : les résultats de leur campagne de piégeage printanier, qui permettront d’évaluer la pertinence de leur stratégie sélective, et l’effectivité du versement des indemnisations auprès de la filière apicole. L’éventualité de nouveaux ajustements budgétaires ou d’une coordination européenne s’impose alors que leur expansion du frelon ne s’arrête pas aux frontières.
La séquence estival 2025 laisse entrevoir une dynamique à double tranchant. Leur menace, autant entomologique qu’économique et écologique, requiert une synergie durable entre les experts scientifiques, les autorités administratives et les implications locales. Leur capacité à contrôler le fléau sera déterminante dans leur préservation de la biodiversité et de leur filière apicole.
* Source : https://draaf.auvergne-rhone-alpes.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/n32_aout_2025.pdf
** Source :CP / Fredon France
*** Source : https://www.gdsfrance.org/la-nouvelle-loi-sur-le-frelon-asiatique-un-cadre-renforce-pour-une-lutte-efficace/