À la faveur de nouveaux spectres collectés par le Very Large Telescope (VLT) au Chili, l’astrophysicien Avi Loeb révèle que la comète interstellaire 3I/ATLAS libère une profusion d’atomes de nickel, un phénomène pratiquement absent dans la plupart des comètes. Plus étonnant encore : le fer, habituellement associé au nickel, ne se manifeste qu’à proximité relative du Soleil. L’anomalie chimique observée, conjuguée à une taille estimée supérieure à 5 km, relance les spéculations sur l’origine et la nature de ces visiteurs galactiques.
Un tandem nickel-fer hors norme
L’étude exploitée par Avi Loeb repose sur six « time-bins – bacs temporels » couvrant des distances Soleil-comète de 3,14 à 2,14 UA. Le nickel apparaît systématiquement ; le fer, seulement en-deçà de 2,64 UA. Les auteurs du rapport observent que « la température est bien trop basse pour vaporiser les grains silicatés, sulfurés ou métalliques contenant nickel et fer », avant de qualifier cette abondance d’« extrêmement déroutante ».
Les taux mesurés en nickel dépassent nettement ceux de 2I/Borisov, tandis que le ratio Ni/Fe atteint un record, faisant de 3I/ATLAS un cas à part.
Une comète géante sous la loupe martienne
Dernière venue après ′Oumuamua et Borisov, 3I/ATLAS se distingue aussi par sa taille. D’après un modèle publié par Loeb, son diamètre excéderait 5 km soit l’équivalent de la largeur de Manhattan ou un million de fois la masse du premier objet interstellaire détecté : « Pourquoi la troisième découverte s’avère-t-elle si massive ? » s’interroge le chercheur.
De nouvelles observations sont attendues du 1ᵉʳ au 7 octobre 2025, lorsque la comète passera à 29 millions de kilomètres de Mars ; la caméra HiRISE devrait alors affiner la mesure jusqu’à 30 km par pixel.
Invité de l’émission « Fox & Friends », Avi Loeb confie que son « intuition penche pour une comète naturelle » mais rappelle la nécessité de rester ouvert aux surprises : « Nous devons être prêts à un cygne noir ; parmi les rochers interstellaires repérés par l’observatoire Rubin, il y aura peut-être une balle de tennis lancée par un voisin cosmique. »
Le scientifique, déjà célèbre pour ses vues iconoclastes sur ′Oumuamua, évoque même la possibilité d’alliages de type carbonyle, produits industriellement, pour expliquer l’excès de nickel… sans toutefois trancher.
La science comme vocation
« La science est amusante parce qu’on apprend de l’évidence, pas de récits dictés par les “adultes dans la pièce”. »
Loeb conclut son billet sur une note personnelle. Un ancien pilote de l’US Air Force lui a récemment écrit que sa fille envisage désormais une carrière scientifique après l’avoir vu parler de 3I/ATLAS à la télévision.
Si les images martiennes confirment la masse colossale et l’étrange chimie de 3I/ATLAS, les manuels de planétologie devront s’adapter. Notre voisinage galactique peut parfois déjouer les modèles les mieux établis.
Source : Avi Loeb