L’industrie maritime et énergétique nécessite une transition rapide vers des solutions alternatives aux combustibles fossiles. L’ammoniac vert, synthétisé à partir d’énergies renouvelables, se distingue comme une option pertinente pour le stockage d’hydrogène et la propulsion des navires. Les universités finlandaises mobilisent leurs ressources pour surmonter les obstacles techniques et sociaux liés à son déploiement à grande échelle.
Les équipes scientifiques et les partenaires industriels unissent leurs forces pour explorer les multiples facettes de l’utilisation de l’ammoniac. Ainsi, le projet AINA (Ammonia Energy Conversion and Social Acceptance) bénéficie d’un financement substantiel de 2,5 millions d’euros accordé par Business Finland. L’Université Aalto reçoit quant à elle 1,1 million d’euros pour coordonner les recherches.
«L’ammoniac est fortement lié à la promotion de l’économie de l’hydrogène. L’hydrogène vert produit avec des énergies renouvelables pourrait être largement utilisé dans la société comme matière première et source d’énergie, mais son stockage reste complexe et coûteux. L’ammoniac offre une alternative économiquement viable» a commenté Ville Vuorinen, Professeur associé en technologie énergétique à l’Université Aalto.
Les enjeux techniques majeurs
Les chercheurs sont confrontés à plusieurs défis techniques. La combustion limitée, la toxicité et le potentiel corrosif sur certains métaux requièrent une attention particulière. Les équipes de recherche déploient une modélisation avancée des flux en 3D pour analyser le comportement de l’ammoniac dans différentes configurations : moteurs, brûleurs et piles à combustible.
Les industriels produisent l’ammoniac par raffinage d’hydrogène et d’azote. L’ammoniac gris, issu du gaz naturel, se distingue de l’ammoniac vert, généré par les énergies renouvelables, uniquement par son mode de production. Les caractéristiques chimiques demeurent identiques, permettant une utilisation polyvalente dans les secteurs industriels.
Le secteur maritime s’engage vers la neutralité carbone d’ici 2050. Face aux limitations de l’électrification des grands navires, l’ammoniac vert s’impose progressivement. Son stockage et son transport sont facilités par rapport à l’hydrogène grâce à ses propriétés physiques avantageuses.
Les partenariats industriels et académiques
Le consortium réunit des acteurs majeurs : l’Université de Vaasa, Åbo Akademi, l’Université de Turku et VTT collaborent avec des industriels de premier plan. Wärtsilä, YARA, Andritz, Flexens, Elcogen, Convion et Elomatic apportent leur expertise technique et leurs infrastructures.
La directrice et professeure assistante en développement de produits, Tua Björklund, a souligné : «Le développement de nouvelles sources de carburant affecte des écosystèmes entiers d’organisations. Pour que les innovations réussissent, nous devons comprendre les besoins et les préoccupations des différentes parties prenantes.»
«La recherche AINA est fondamentale pour comprendre les technologies des carburants verts. Elle renforcera notre capacité à développer des carburants sans carbone et soutiendra la transformation écologique» a précisé Jari Hyvönen, directeur général de Wärtsilä.
Les chercheurs étudient la décomposition de l’ammoniac en hydrogène au point d’utilisation. Au final, les installations portuaires et les centrales électriques bénéficieront directement de ces avancées technologiques. Et la formation de doctorants spécialisés garantira le transfert des connaissances vers l’industrie.
Légende illustration : un navire de croisière
Source : Aalto