Biodiesels à partir d’algues : Une idée neuve ?
La possibilité de fabriquer de grandes quantité d’huiles à partir d’algues oléagineuse est très loin d’être une idée neuve. Cette possibilité est reconnue et validée depuis 1996 date à laquelle le NREL, suite à une expérimentation de 18 ans, a remis ses conclusions sur ce sujet. Le NREL c’est le National Renewable Energies Laboratory. Cet organisation américaine a mené un programme d’étude et de sélection sur le site de Salton Seas ( Californie) entre 1978 et 1996. Les conclusions de cet institut ont été sans appel. Avec un minimum d’investissement, les algues marines permettent des rendements de 40 voire 60 tonnes d’huile par hectare cultivé lorsque les plantes terrestre n’en autorisent que 2 voire 3 tout au plus.
La France : Le choix de l’inefficience.
Le rapport d’information N°1622 présenté le 26 mai 2004 à l’Assemblée Nationale par M. Marleix, émettait de vives recommandations en faveur du développement des secteurs industriels et agricoles liés à la production de biocarburants. Cependant, les résultats scientifiques du NREL ne sont évoqués nulle part en ce qui concerne les substituts naturels au diesel pétrolier. Le rapport considère que les quantités d’huiles pouvant être produites sont nécessairement limitées et que leur incorporation dans du diesel pétrolier pour réaliser du Biodiesel est inévitable.
Le 15 Janvier 2006, la Commission Interministérielle pour les véhicules propres et économes (CIVPE) remettait au gouvernement d’alors un dossier de 35 pages dénommé « Recommandations pour un développement durable des biocarburants en France ». Ce document présente notamment 13 orientations visant à définir les grandes orientations des biocarburants en France. Entre autre, le CIVPE, recommande le développement des cultures bio-énergétique sur les jachères ainsi que sur des terres agricoles dont la destination d’origine est de produire des denrées alimentaires. Comme il a été exposé dans un précédent article, l’impact principal de cette politique a été d’engendrer une tension durable et sans précédent sur les prix des produits alimentaires. Ces recommandations demeurent dans la droite ligne du rapport présenté en 2004 par Monsieur Marleix. La technologie des algues marines est ignorée et seules les solutions conventionnelles sont évoquées.
La France , dans le cadre de la production de bio diesel, demeure sur l’idée fausse qu’un hectare de surface ne peut produire que 2 à 3 tonnes d’huile végétale alors que le monde entier travaille sur des options technologiques jusqu’à 20 fois plus efficaces.
En France : les algues pour le biodiesel : connait pas !
En page 23 de son rapport, le groupe de travail du CIVPE apporte un éclairage sur les technologies permettant la fabrication de biocarburants. En 2006, selon ce comité d’expert, seules trois voies innovantes pouvaient permettre à la France de développer durablement la production de carburants alternatifs :
– Les Ressources LignoCellulosiques (Paille, feuilles mortes etc…)
– Les Déchets de Bois (Sciure, débris, taillis…)
– Les Résidus et déchets agricoles (Lisiers, déchets ultimes de transformation…).
Le rapport 1622 présenté en 2004 faisait état des mêmes ouvertures. Alors que dans le même moment les percées bio-technologiques relatives à la production d’algues oléagineuses passaient du laboratoire au stade de la pré-industrialisation.
En l’état de l’analyse de la littérature officielle collectée à ce jour, l’option "algues marines" n’a été a ce jour citée dans aucun des rapports d’information commandés par les pouvoirs publics.
Quelle objectivité pour le CIVPE ?
Il est intéressant d’étudier la liste des membres du groupe de travail du CIVPE : TOTAL, l’Institut Français du Pétrole, PSA et RENAULT…
Toujours dans cette même liste, on remarque une délégation importante du ministère des finances et des douanes dont le commentaire phare sur l’évolution des biocarburants n’a été autre que : " La défiscalisation permet le lancement de nouvelles filières, mais elle entraîne des pertes de recettes fiscales d’autant plus coûteuses que la filière réussit…".
Pourquoi le biodiésel à partir d’algues est la solution d’avenir
ll convient de rappeler que la culture et l’exploitation des algues oléagineuses n’entre pas en concurrence avec les cultures alimentaires terrestres. Dès lors, privilégier cette filière, c’est assurer une détente quasi immédiate des prix des matières premières agricoles. Les moyens nécessaires à la production d’algues permettent, entre autre, la valorisation des effluents tels que les eaux usées ou les lisiers agricoles. Le déchet final de la fabrication d’huile à partir d’algues est une excellente source de protéines pour l’élevage. Cela permet de diminuer le recours à l’importation d’alimentation animale. Ce point participe également à un équilibrage positif de notre balance commerciale, donc de notre PIB. Enfin, les algues oléagineuses, nécessitent le recours à une main d’œuvre conséquente. Outre une contribution substantielle à la création nette d’emplois, la richesse générée par l’exploitation des algues est structurellement mieux répartie entre le facteur travail et le facteur capital : C’est un commerce fondamentalement équitable.
Références :
– La Commission Interministérielle pour les Véhicules Propres et Economes – Recommandations pour un développement durable des biocarburants en France – 15 Janvier 2006.
Projet Shamash : http://www-sop.inria.fr/comore/shamash/index.html
NREL : A look back at the US Department Energy’s aquatic species program : Biodiesel from algae. (NREL TP / 580 34190)
La Commission Interministérielle pour les Véhicules Propres et Economes – Recommandations pour un développement durable des biocarburants en France – 15 Janvier 2006.
Solarzime / Technology review du Massachussets Institute of Technology – 22/02/2008
Assemblée nationale : Rapport N° 1622 – Rapport d’information sur les Biocarburants (Présenté par Alain Marleix ) – 26 mai 2004.
GALP ENERGIA / Algafuel – Communiqué de presse 13 Mars 2008.
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