Nucléaire : à quoi servent les Agences de Sécurité nationales et internationales ?

Ce n’est pas faute de disposer d’agences de sécurité nationales et internationales, de commissions d’enquètes et , de rapport annuels sur cette surveillance permanente des activités de production d’électricité nucléaire.

On apprend aujourd’hui que la société d’exploitation de Fukushima, la TEPCO , Tokyo Electricity Production Company était bien connues pour mettre le maximum de mauvaise volonté aux inspections de sécurité et qu’elle avait été prise la main dans le sac à avoir falsifié des rapports d’incident pour en minimiser les conséquences. Avec quelles sanctions ? Nul ne sait, en tous cas elle exploitait toujours ses centrales.

On apprend également que les centrales Général Electric de cette époque, étaient connues pour avoir des déficiences de leurs enceintes de confinement, que celle de Fukushima était en fin de vie et qu’elle avait été construite dans une zone hautement sismique, au bord de la mer qui est une circonstance aggravantes en cas de tsunami et qu’elle n’avait pas été prévue pour résister à une telle hauteur de vague. Elle était donc située à un endroit à risque.

Et donc tout de suite nos hommes politiques se lancent dans de la gesticulation à l’intention de leurs électeurs, qui pour arrêter immédiatement quelques vieilles centrales (Allemagne), qui pour lancer une inspection générale de tous son parc(France), qui pour confirmer la poursuite d’un projet sur une faille sismique(Turquie) et qui pour réétudier tel ou tel plan.

On nous met en avant l’EPR comme infiniment plus sécurisé que les centrales précédentes, très bien. Mais c’est deux centrales modernes et sécurisées au monde sur un parc infiniment moins sur de part leur conception et infiniment plus vieux. Et qu’en est il du niveau de sécurité des centrales coréennes choisies par Abu Dhabi ?

Et on nous parle d’implanter de telles centrales un peu partout dans le monde dans des pays en voie de développement dont certains ont les ingénieurs de qualité nécessaire(Chine) mais pas l’expérience et dont certains n’ont même pas ces ingénieurs mais seulement l’argent pour se payer les dites centrales (Lybie) et d’autres dont les motivations sont non civiles(Iran).Et l’on met en place dans ces centrales des réacteurs sur la durabilité desquels nous n’avons pas d’éléments (celui de Rosatom qui démarre mal à Bousher en Iran et même l’EPR).

Bref nous avons l’impression d’être gouvernés par des pères Ubu politiques, par des techniciens sans pouvoir ou sans caractère dans ces différentes Agences. Et effectivement si les nouveaux réacteurs et nouvelles centrales ont des chances de pouvoir supporter les catastrophes à venir, quid des anciens dont nous étendons l’espérance de vie ? Pour avoir assisté il ya deux ans à une conférence d’un haut responsable d’EDF qui avouait ne pas avoir un parc de centrale suffisants pour satisfaire la demande des années 2025, je peux vous assurer qu’il n’avait aucune inquiétude sur l’obtention de l’Agence de Sureté Nucléaire française d’une prolongation de la durée de vie des centrales actuelles.

Fukushima vient de tuer le nucléaire civil pour au moins une quinzaine d’années, tout au moins dans les pays non dictatoriaux. Or nous en avions absolument besoin car contrairement à tout ce que l’on nous raconte, les énergies renouvelables ne sont pas des industries de production de masse et ne pourrons suffire à satisfaire la demande, quoi que l’on en dise pour des raisons électorales.

Nous avons surtout manqué de sens des responsabilités et d’autorité dans toutes ces agences de sureté pour faire respecter les choix techniques et règlementaires existants et de bonne gouvernance chez nos hommes politiques pour établir ces exigences, avec effet rétroactifs éventuellement (tirer les leçons de l’expérience !), au bon niveau de sécurité. Nous allons devoir de ce fait retourner à un semi moyen âge. Merci à eux.

[ Archive ] – Cet article a été écrit par CaDerange

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