Comment gérer durablement les nanomatériaux de haute technologie utilisés dans les lasers à supraparticules? Une équipe de chercheurs écossais a relevé ce défi en développant une méthode de recyclage inédite. Leur travail pourrait bouleverser l’approche actuelle de la gestion des ressources nanotechnologiques.
Pour la première fois, des chercheurs ont démontré qu’il est possible de recycler les nanoparticules employées dans la fabrication des lasers à supra-particules, répondant ainsi à la nécessité de gérer de manière durable ces matériaux précieux. Les lasers à supra-particules se distinguent par leur capacité exceptionnelle à contrôler la lumière à l’échelle nanoscopique, permettant une manipulation précise de propriétés comme la longueur d’onde et l’intensité. Cette technologie émergente fonctionne en confinant la lumière à l’intérieur d’une minuscule sphère composée de points quantiques colloïdaux agrégés, lesquels absorbent, émettent et amplifient la lumière avec une efficacité remarquable.
les applications et l’impact Environnemental
Les lasers à supraparticules commencent déjà à s’utiliser pour la délivrance ciblée de médicaments, les applications de détection et en tant que composants dans des systèmes électroniques compacts. Dillon H. Downie, étudiant doctoral à l’Université de Strathclyde au Royaume-Uni et membre de l’équipe de recherche, a déclaré : « Les lasers à supra-particules sont déjà utilisés pour la délivrance ciblée de médicaments et les applications de détection, ainsi que pour des composants dans des systèmes électroniques compacts. »
Leur méthode réduit les coûts et l’impact environnemental en minimisant le besoin de nouvelles nanoparticules et la disposition des anciennes, et elle devrait être applicable à toutes les espèces de nanoparticules colloïdales, particulièrement celles à base de terres rares.

La Méthode de Recyclage Détaillée
Dans le journal Optical Materials Express, les chercheurs dirigés par Nicolas Laurand à l’Université de Strathclyde décrivent leur méthode de recyclage et montrent que les points quantiques des lasers à supraparticules peuvent être recyclés et réutilisés pour créer de nouveaux lasers avec des performances similaires.
Dillon H. Downie a également mentionné : « Les agrégats de nanoparticules et les lasers à supraparticules devraient jouer un rôle de plus en plus important dans tout, des dispositifs médicaux portatifs aux LED ultra-brillantes. » Il a ajouté : « Nous envisageons que cette méthode soit utilisée pour prolonger le cycle de vie des supraparticules, qui pourraient être réutilisées pour diverses applications comme les biosenseurs médicaux, représentant un progrès vers un nano-ingénierie durable. »
Pour fabriquer des lasers à supraparticules, les points quantiques colloïdaux sont suspendus dans une émulsion huile dans eau stabilisée par un surfactant. Cela forme des microbulles où les points quantiques colloïdaux s’agrègent naturellement. Cependant, toutes les séries ne créent pas des lasers à supraparticules avec succès, et même celles qui y parviennent se dégradent avec le temps.
L’idée de développer cette nouvelle méthode de recyclage a émergé pendant une réunion où les membres de l’équipe de recherche ont exprimé leur frustration face à la perte coûteuse de points quantiques de nanoparticules dans des lots défectueux de supraparticules. Dans une remarque improvisée, il a proposé une technique de recyclage potentielle. Avec le soutien de Nicolas Laurand, ils ont testé la méthode sur un échantillon défectueux, visant à récupérer et réutiliser les points quantiques onéreux.
L’étudiant doctoral a précisé : « Notre moment eurêka est arrivé lorsque nous avons pu voir très clairement de nouvelles, quoique rudimentaires, supraparticules sous le microscope. » Encouragés par ce succès, ils ont commencé à perfectionner la méthode de récupération pour produire et valider la qualité des nanoparticules recyclées.

Recyclage Pratique des Nanoparticules
Pour recycler les lasers à supraparticules, les chercheurs ont d’abord dû les encourager à se désassembler. Ils ont suspendu les supraparticules dans une phase huileuse, appliqué une chaleur modérée et les ont soumises à un stress mécanique sous forme d’ondes sonores ultrasonores. Ensuite, ils ont combiné le mélange avec de l’eau pour séparer l’huile contenant les points quantiques de l’eau avec les impuretés.
Les points quantiques dans la phase huileuse ont ensuite été filtrés, traités avec un revêtement de surface supplémentaire et testés pour voir s’ils pouvaient fluorescer efficacement avant d’être réassemblés en agrégats pour utilisation dans un laser. La séparation liquide couplée à la filtration a été réalisée dans un système de séparation en entonnoir fermé, maximisant la pureté de l’échantillon tout en minimisant l’utilisation de solvants et la perte de nanoparticules.
Performance des Nanoparticules Recyclées
En utilisant ce processus de recyclage, les chercheurs ont démontré une récupération de 85% des points quantiques des supraparticules initiales. Les points quantiques recyclés ont conservé un rendement quantique de photoluminescence de 83 ± 16%, comparé à 86 ± 9% pour le lot initial. Ils ont réussi à utiliser les nanoparticules recyclées pour créer des lasers qui performaient de manière similaire à leurs précurseurs.
« Les découvertes sur le comportement des points quantiques au cours des 40 dernières années, culminant avec le Prix Nobel de Chimie de l’année dernière, nous ont permis de comprendre chaque étape du processus de recyclage à un niveau fondamental » a souligné Dillon H. Downie. Cela leur a permis de développer une méthode simple qui est pratique même pour les laboratoires qui n’ont pas d’équipements spécialisés comme des centrifugeuses, des purificateurs ou des générateurs de champs magnétiques.
Les chercheurs prévoient de réaliser des tests supplémentaires pour mieux comprendre comment les performances des nanoparticules changent à chaque recyclage. Les supraparticules testées dans cette étude étaient non modifiées, mais les chercheurs explorent des techniques pour recycler des supraparticules fonctionnalisées ou intégrées.
Légende illustration : Des chercheurs ont mis au point un moyen de recycler les points quantiques utilisés pour fabriquer des lasers microscopiques à supraparticules. Un échantillon des supraparticules recyclées dans l’expérience est présenté. Crédit : Dillon H. Downie, Université de Strathclyde
D. H. Downie, C. J. Eling, B. K. Charlton, P. U. Alves, P. R. Edwards, N. Laurand, “Recycling self-assembled colloidal quantum dot supraparticle lasers,” Opt. Mater. Express 14, 2982-2994 (2024). DOI: 10.1364/OME.537183.