Alors que l’ère des lancements spatiaux bon marché s’installe, de nouveaux débouchés s’ouvrent comme celui de la construction en orbite. Rendezvous Robotics, une jeune start-up américaine annonce une levée de fonds de 3 millions de dollars pour industrialiser sa technologie révolutionnaire baptisée TESSERAE. Inventée au MIT par la chercheuse Ariel Ekblaw, cette solution modulaire et autonome permet d’assembler dans l’espace des structures évolutives sans intervention humaine ni bras robotique. Le pari est ambitieux : ne plus être limité par la taille des coiffes de fusées, mais bâtir directement dans le vide, pièce par pièce, comme un Lego cosmique intelligent.
De l’idée au vol orbital : une technologie éprouvée
La genèse de Rendezvous Robotics remonte aux laboratoires du MIT, où la docteure Ariel Ekblaw a conçu les premiers prototypes de TESSERAE, des tuiles modulaires plates, capables de s’auto-assembler en orbite grâce à des systèmes électromagnétiques et à des algorithmes de vol en essaim. Incubée à l’Aurelia Institute, fondé par Ekblaw elle-même, la technologie a déjà fait ses preuves lors de deux démonstrations orbitales menées en partenariat avec la NASA, ainsi qu’à bord de la fusée New Shepard de Blue Origin. Les essais ont validé la capacité des modules à s’amarrer, à corriger leurs erreurs et à se reconfigurer spontanément — une première dans l’histoire de l’ingénierie spatiale.
En 2026, la société s’apprête à franchir une étape décisive avec le déploiement de sa cinquième génération de TESSERAE à bord de la Station spatiale internationale (ISS). Ce démonstrateur, composé de 32 tuiles, servira de vitrine technologique pour des clients potentiels issus de la défense, du commerce spatial ou de la recherche scientifique.
« Personne n’a fait cela auparavant — assemblage intelligent en orbite, prouvé dans l’espace et maintenant prêt à être mis à l’échelle. C’est la technologie qui permettra des antennes plus grandes que des terrains de football, des systèmes reconfigurables pour la défense, des fermes solaires orbitales, et même des centres de données dans l’espace. Le lancement a ouvert l’accès à l’espace ; Rendezvous construit ce qui vient ensuite. » souligne Joe Landon, co-fondateur et président de Rendezvous, ancien cadre chez Lockheed Martin et Boeing.

Un trio expérimenté pour défier les limites de l’ingénierie spatiale
Derrière ce projet, un trio de fondateurs aux parcours complémentaires. Ariel Ekblaw, l’inventrice, propose la vision scientifique et futuriste. Phil Frank, ancien dirigeant chez Nokia et AT&T, apporte son expertise en gestion technologique et en mise sur le marché. Et Joe Landon, vétéran de l’industrie spatiale, assure le lien avec les institutions et les grands donneurs d’ordre. Ensemble, ils forment ce que l’on pourrait appeler une “dream team” de l’innovation spatiale, ayant déjà travaillé chez SpaceX, Blue Origin, Lockheed Martin ou Nokia.
Leur diagnostic est sans appel car malgré les progrès des lanceurs réutilisables, l’infrastructure spatiale reste figée.
« L’ISS est à peu près de la taille d’une maison de quatre chambres, coûtant plus de 100 milliards de dollars à construire, » rappelle Phil Frank, co-fondateur et PDG de Rendezvous. « C’est un exploit remarquable, mais si nous voulons vraiment nous développer dans l’espace, nous avons besoin d’une meilleure façon de construire. »
Leur réponse ? Une “coopération intelligente” constituée des modules autonomes qui se déploient, s’adaptent et évoluent en fonction des besoins opérationnels, sans nécessiter de coûteuses missions d’assemblage humain.

Vers une économie spatiale multi-trillionnaire ?
Les applications envisagées sont aussi vastes qu’audacieuses. Pour les agences de défense, des systèmes de surveillance ou de communication reconfigurables en temps réel. Pour les opérateurs commerciaux, des antennes de la taille d’un terrain de football ou des centrales solaires orbitales capables d’alimenter la Terre. À plus long terme, des habitats modulaires ou des centres de données flottants pourraient voir le jour.
« Les lancements ont ouvert l’accès à l’espace ; Rendezvous construit ce qui vient ensuite », résume Joe Landon.
Le financement initial de 3 millions de dollars, mené par Aurelia Foundry et 8090 Industries, avec la participation d’ATX Venture Partners et Mana Ventures, servira à étoffer l’équipe et à accélérer le passage à l’échelle industrielle. La feuille de route est claire : prouver, puis déployer.
« Il est temps d’augmenter profondément nos ambitions en orbite. Nous lançons un nouveau paradigme pour la construction spatiale, » a confirmé la Dr Ariel Ekblaw, co-fondatrice de Rendezvous. « Cette technologie crée plus d’espace pour l’humanité — de l’espace pour la science, pour les nations, pour la vie elle-même. »

L’espace, prochaine zone de chantier de l’humanité ?
Rendezvous Robotics ne se contente pas d’innover techniquement.
Si jusqu’ici nous nous contentions d’y déployer des objets préfabriqués, la société propose désormais d’y construire, d’y façonner, d’y faire évoluer. C’est un changement de paradigme aussi majeur que le passage des montgolfières aux avions à réaction.
Bien entendu, les défis restent encore immenses comme par exemples, la fiabilité à long terme, la gestion des débris ou encore la coordination internationale.
Source : Rendezvous Robotics