L’industrie aéronautique mondiale se tourne progressivement vers des solutions durables pour réduire son empreinte carbone. Une collaboration entre des experts australiens et chinois vise à développer des biocarburants durables pour l’aviation, afin d’aller vers un transport aérien respectueux de l’environnement.
Des experts en aviation de l’Université d’Australie du Sud (UniSA) travailleront avec leurs homologues chinois au cours des deux prochaines années pour développer une industrie durable de biocarburants pour l’aviation dans les deux pays.
Cette collaboration, annoncée par le Département des Affaires étrangères et du Commerce (DFAT) de l’Australie, fait suite à une allocation budgétaire fédérale de 1,7 milliard de dollars pour prioriser les carburants renouvelables pour l’industrie aéronautique au cours de la prochaine décennie.
Un projet ambitieux soutenu par des financements importants
Le professeur Shane Zhang de l’UniSA a reçu une subvention de 230 000 dollars de la Fondation nationale pour les relations Australie-Chine pour diriger ce projet, explorant les opportunités commerciales d’utilisation de matières premières biologiques pour remplacer les carburéacteurs conventionnels par des carburants « verts ».
Les carburants d’aviation durables (SAF) sont encore à leurs débuts, représentant moins de 1 % des carburéacteurs dans le monde, bien que l’Union européenne (UE), Singapour, les États-Unis et le Royaume-Uni se dirigent vers une obligation d’utilisation des SAF dans les prochaines années.
Les enjeux environnementaux et économiques des SAF
Le professeur Zhang souligne que l’annonce budgétaire du gouvernement fédéral fait suite à la création du Conseil Jet Zero Australie en 2023, visant à atteindre une aviation nette zéro en Australie, soutenue par une injection de fonds de 30 millions de dollars.
« Les carburants d’aviation durables peuvent potentiellement réduire les émissions de carbone jusqu’à 80 % et sont essentiels pour atteindre la neutralité carbone en Australie d’ici 2050 », déclare le professeur Zhang.
Le carburant alternatif pour avions est dérivé de plusieurs sources ou matières premières, notamment les huiles et graisses usagées, les résidus ligneux, les algues et les déchets municipaux. Il doit être mélangé avec du carburant conventionnel (50 %) pour éviter toute modification des moteurs et des avions, conformément aux réglementations internationales.
Bien que ces carburants renouvelables ne soient pas encore produits en Australie, Jet Zero Australia collabore avec la société de biotechnologie américaine LanzaJet pour construire une nouvelle installation de SAF dans le nord du Queensland, et Wagner Sustainable Fuels et Boeing Australia travaillent également sur un site à Toowoomba. Le gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud a promis jusqu’à 100 millions de dollars pour lancer la production locale.
Les initiatives gouvernementales et les perspectives futures
Outre les 1,7 milliard de dollars, le gouvernement Albanese a également alloué 18,5 millions de dollars sur quatre ans pour développer un système de certification pour les carburants d’aviation durables et le diesel renouvelable. De plus, 1,5 million de dollars seront consacrés à une analyse de deux ans des coûts et des avantages de l’introduction de mandats.
« Il y a beaucoup de potentiel pour produire des carburants d’aviation durables en Australie et en Chine, car les deux pays disposent de grandes quantités de matières premières biologiques et le marché est encore inexploité », affirme le professeur Zhang.
« L’Australie fait partie d’un petit nombre de pays dans le monde à soutenir la transition vers les SAF, mais l’engagement financier pour développer une industrie locale ne s’étend pas encore à une obligation », ajoute-t-il.
Cela contraste avec l’UE, qui a imposé que 2 % de tous les vols au départ de l’Europe utilisent des carburants verts d’ici 2025, jusqu’à 70 % d’ici 2050. Singapour a également fixé un objectif de 1 % de SAF pour toutes les compagnies aériennes au départ à partir de 2026, augmentant à 3-5 % d’ici 2030, et le Royaume-Uni a imposé que 10 % de sa flotte aérienne utilise des SAF d’ici 2030, augmentant à 22 % d’ici 2040.
Les objectifs de réduction des émissions
Airservices Australia a fixé un objectif de réduction des émissions de CO2 par vol de 10 % en moyenne d’ici 2030. À l’échelle mondiale, l’aviation représente environ 3 % des émissions mondiales, mais ce chiffre pourrait atteindre 22 % d’ici 2050 à mesure que de plus en plus de personnes prennent l’avion et que d’autres secteurs se décarbonisent plus rapidement, selon le professeur Zhang.
« Contrairement au transport terrestre, il existe peu d’options de carburants alternatifs pour le secteur de l’aviation. Les carburants durables en font partie, mais ils sont jusqu’à cinq fois plus chers que le carburant traditionnel et les compagnies aériennes hésitent à investir tant qu’ils ne deviennent pas moins chers et plus facilement disponibles. De même, les entreprises de biotechnologie ont besoin d’un marché garanti de la part des compagnies aériennes avant de s’engager à développer des SAF, donc l’hésitation est réciproque. »
Les événements à venir pour promouvoir les SAF
Le professeur Zhang et ses collègues chinois organiseront et développeront huit événements en Australie et en Chine au cours des deux prochaines années, réunissant l’industrie, les agriculteurs et les parties prenantes pour examiner comment les carburants d’aviation durables peuvent être commercialisés.
« La technologie est prête et mature, et le gouvernement fédéral a envoyé un signal clair sur son soutien aux carburants d’aviation plus verts. Nous devons simplement surmonter les défis et trouver la bonne voie », conclut le professeur Zhang.
Légende illustration : L’industrie aéronautique s’oriente progressivement vers les biocarburants. L’Australie est le dernier pays en date à s’engager dans cette voie.