Le CERN et le Centre de recherche Wigner pour la physique ont inauguré aujourd’hui à Budapest le centre de données hongrois, marquant l’achèvement de l’installation qui accueille l’extension du centre de données du CERN.
Environ 500 serveurs, 20.000 cœurs de processeurs et 5,5 pétaoctets de capacité de stockage sont déjà opérationnels sur le site. Les liaisons dédiées et redondantes de 100 Gbit/s reliant les deux sites sont fonctionnelles depuis février 2013 et comptent parmi les premières liaisons transnationales sur une telle distance. Les capacités de calcul et de stockage hébergées au centre Wigner seront gérées à distance depuis le CERN. Elles permettront d’accroître notablement les capacités du centre de calcul de niveau 0 de la Grille de calcul mondiale pour le LHC (WLCG) et de mieux assurer la continuité des activités du Laboratoire.
Le WLCG a pour objectif la mise à disposition de ressources informatiques mondiales afin de stocker, de distribuer et d’analyser les énormes quantités de données produites par le LHC, soit plus de 25 pétaoctets par an. Il s’agit d’un système mondial organisé sous forme de niveaux, avec un nœud central (le niveau 0), situé au CERN. Avec les centres de niveau 2 et 3, plus petits et reliés via Internet, le nombre total de centres de calcul participant au WLCG s’élève à plus de 140, répartis dans une quarantaine de pays.
Le WLCG sert une communauté d’environ 8.000 scientifiques travaillant sur les expériences LHC. Elle leur permet d’accéder de façon transparente à des installations de calcul et de stockage de données distribuées. Chaque jour, le WLCG traite plus de 1,5 million de calculs ; à titre de comparaison, 600 ans de fonctionnement ininterrompu seraient nécessaires à un ordinateur unique pour traiter une quantité de données similaire. Ce système informatique décentralisé ultra-performant a permis aux physiciens d’annoncer le 4 juillet la découverte d’une nouvelle particule, dont il a été confirmé par la suite qu’il s’agissait d’un boson de Higgs.
"Les besoins en ressources informatiques des expériences seront bien plus élevés lors du redémarrage du LHC, en 2015. Héberger des équipements informatiques au Centre Wigner afin d’accroître les capacités du centre de données de niveau 0 du CERN est essentiel pour y répondre et assurer le succès de notre programme de physique. Cette capacité de calcul et de stockage disponible à distance contribuera également à garantir la continuité des activités pour les systèmes critiques en cas de problèmes sérieux sur le site du CERN," a souligné le Directeur général du CERN, Rolf Heuer. "Nombre de disciplines scientifiques font face à une augmentation exponentielle de données. Il est possible qu’à l’avenir d’autres domaines scientifiques s’inspirent de cette approche innovante pour mener leurs activités".
L’extension à Budapest du centre de données de niveau 0 permet d’ajouter jusqu’à 2,5 MW supplémentaires à la puissance électrique de 3,5 MW du centre de données de Genève, qui a déjà atteint ses limites.
Le contrat avec le centre Wigner a débuté en janvier 2013, a été conclu pour une durée allant jusqu’à sept ans. La capacité hébergée à Budapest augmentera progressivement en fonction des besoins du CERN. La gestion à distance depuis le CERN de cette capacité favorise tant la création d’un savoir-faire que le développement d’une expertise et de solutions relatives à l’informatique en nuage. Autant d’éléments qui s’avèrent essentiels pour faire face au défi que constituent les énormes quantités de données générées par les besoins de calcul exponentiels dans tous les domaines de la recherche.
"L’ouverture du Centre de Calcul Wigner et le début de notre collaboration dans le domaine des technologies de l’information est un petit pas pour le CERN mais un grand pas pour la Hongrie" a déclaré Peter Levai, directeur général du centre de recherche Wigner pour la physique.
Pour rappel, Tim Berners Lee du CERN inventa le web en 1990 pour pouvoir relier les PC des 8000 scientifiques situés dans leurs différents pays. Relier Budapest au CERN est une nouvelle brique à l’édifice et rajoute une strate: l’accès par internet pour les 8000 scientifiques à une puissance de calcul décentralisée péripérique au noeud central du CERN. Une sorte de Cloud computing, pas seulement pour le stockage, mais aussi pour le traitement de données. A quand l’ordinateur virtuel (une tablette avec accès à une capacité de traitement online)? le pardis des applications ASP!