Hyundai Motor a profité de sa toute première « Journée de l’investisseur » organisé hors de Corée pour lever le voile sur sa nouvelle stratégie de croissance. La firme automobile a un objectif précis : devenir un leader mondial de la mobilité en misant sur l’expansion accélérée de sa gamme, le passage à l’électrique de masse et une refonte numérique de ses usines. Dans un secteur automobile chahuté par la transition énergétique et la course aux logiciels, le constructeur sud-coréen promet 5,55 millions de véhicules vendus en 2030, dont 60% électriques, et un investissement colossal de 77,3 trillions de wons sur cinq ans (soit environ 54 milliards d’euros).
Un catalogue élargi, des hybrides à la « pickup »
Depuis la scène new-yorkaise, le CEO José Muñoz a détaillé un programme produit où chaque segment, du SUV premium à l’utilitaire, se voit converti à l’électrique ou renouvelé. D’ici 2030, Hyundai comptera plus de 18 modèles hybrides, inaugurera un Palisade à technologie TMED-II et lancera, pour le marché nord-américain, son premier pick-up de taille moyenne, un pas supplémentaire après le Santa Cruz présenté en 2021.
« Dans un secteur confronté à une transformation sans précédent, Hyundai est idéalement positionné pour l’emporter grâce à notre combinaison sans égale de produits attractifs, de flexibilité industrielle, de leadership technologique, de concessionnaires d’exception et d’une envergure mondiale », explique José Muñoz.
Parallèlement, la gamme 100% électrique se diversifie : l’IONIQ 3 visera le cœur de cible européen, l’Inde accueillera son premier modèle « local pour local », tandis que la Chine produira sur place le SUV Elexio et une berline C-segment. Les passionnés de performance ne sont pas oubliés avec la lignée N qui dépassera sept modèles et ambitionne environ 100 000 ventes annuelles.
Une feuille de route industrielle sous le signe du logiciel
La stratégie repose également sur une refonte des usines. Le groupe prévoit 1,2 million d’unités de capacité additionnelle d’ici 2030, dont 500 000 issues de la future Metaplant de Géorgie (États-Unis). Ce site, présenté comme « une usine définie par le logiciel », intégrera de la robotique avancée, de la maintenance prédictive et des jumeaux numériques. Boston Dynamics prêtera ses robots à la cause, tandis que Singapour servira de laboratoire avant déploiement global.
Résultat visé : 80% des Hyundai vendues aux États-Unis seront produites localement à l’horizon 2030.
Batterie : le nerf de la guerre
Le constructeur promet une réduction de 30% des coûts batterie, 15% de densité énergétique supplémentaire et des temps de charge réduits d’autant d’ici 2027. Les données de 50 000 IONIQ 5 dont certaines frôlent les 400 000 km montrent une rétention de capacité supérieure à 90%.
Les futures Extended Range EV, attendues pour 2027, viseront 960 km d’autonomie tout en employant « moins de la moitié » de la capacité batterie d’un modèle classique, grâce à une architecture hybride batterie-moteur optimisée.
Logiciel embarqué, l’arrivée de Pleos
Hyundai prépare la commercialisation, dès le deuxième trimestre 2026, de Pleos Connect, un système d’infodivertissement fondé sur un OS distribué capable de mises à jour rapides et d’une place de marché intégrée.
Associé à un calculateur haute performance et à des contrôleurs zonaux, Pleos dissocie matériel et logiciel pour accélérer les cycles de développement. Côté conduite autonome, la suite Atria AI doit permettre une navigation sans cartographie haute résolution, tandis que Gleo AI entend rendre la commande vocale plus naturelle.
Une luxueuse montée en gamme pour Genesis
Pour son dixième anniversaire, Genesis vise 350 000 ventes annuelles en 2030 et prépare des modèles vitrine comme le coupé X Gran Coupe ou les concepts SUV Neolun.
La branche performance Magma Racing fera son entrée au Championnat du monde d’endurance FIA en 2026, symbole d’une stratégie où compétition rime avec halo technologique.
Des alliances pour changer d’échelle
Hyundai compte aussi sur des partenaires de poids : Waymo pour l’autonomie (des prototypes IONIQ 5 roulent déjà aux États-Unis), Amazon pour la distribution en ligne et, plus inattendu, General Motors pour co-développer cinq véhicules dès 2028, dont des utilitaires électriques pour l’Amérique du Nord et des pick-ups destinés à l’Amérique latine.
Enfin, le directeur financier Seung Jo Lee a revu la prévision de revenus annuels à la hausse, +5 à 6%, mais abaisse la cible de marge opérationnelle à 6-7% en raison des nouveaux droits de douane américains. Les 77,3 trillions de wons d’investissements (30,9 R&D ; 38,3 CAPEX ; 8,1 stratégique) serviront notamment à renforcer la capacité locale et le vivier de talents logiciels.
« Nous ne nous contentons pas de nous adapter au changement : nous le dirigeons », conclut José Muñoz.
Face à une industrie automobile en pleine recomposition, Hyundai mise donc sur l’hybridation accélérée, un virage logiciel assumé et la maîtrise de sa chaîne de valeur pour prendre un temps d’avance. Si la feuille de route se concrétise, le constructeur sud-coréen pourrait bien changer de catégorie et rejoindre, voire devancer, les poids lourds de la mobilité électrique mondiale.
Source : Hyundai