Sortie du nucléaire : 2 millions d’emplois seraient fragilisés

L’Union des Industries Utilisatrices d’Energie (UNIDEM) avait dans un précédent communiqué attiré l’attention sur les risques de délocalisation des productions industrielles liés à une sortie du nucléaire, dans les industries très consommatrices d’électricité.

Pour certaines en effet, le prix de l’électricité peut représenter jusqu’à 70% du coût de revient, ce qui constitue un critère déterminant dans les décisions d’investissement de groupes internationaux en situation de concurrence mondiale.

Cette fois, l’UNIDEN a tenté d’estimer le nombre d’emplois qui, au sein et autour d’industries sensibles au prix de l’électricité, seraient concernés par la perte de compétitivité résultant d’une hausse de ce prix.

"150 000 emplois clairement menacés à court-terme.
"

Les usines électro-intensives, pour lesquelles l’électricité est une véritable matière première, constituent un premier cercle extrêmement sensible au prix de l’électricité. Ces usines emploient directement 50 000 personnes en France et génèrent entre 100 000 et 120 000 emplois indirects et induits. "150 000 emplois au moins seraient donc très concrètement menacés à court terme par un dérapage des prix de l’électricité" estime l’instance représentative.

Plus largement, les industries très consommatrices d’électricité sont situées en amont de leurs filières respectives ; plusieurs de ces filières (acier, aluminium, autre métallurgie, chlore…) sont très fortement intégrées. Dans ces conditions, et toujours d’après l’UNIDEM, "la délocalisation des productions amont impacterait de nombreux emplois à l’aval, emplois industriels mais aussi emplois de services aux industries."

"In fine, près de 2 millions d’emplois seront à terme fragilisés."

L’UNIDEN a pris en compte, sans prétendre à l’exhaustivité, les principaux secteurs sensibles au prix de l’électricité et dont la production est en concurrence mondiale, y compris hors du périmètre de ses membres :

► métallurgie dont première transformation (397 000 emplois directs, source Direction Générale Compétitivité, Industries et Services – Bercy),
► chimie (171 500 emplois directs, source Union des Industries Chimiques),
► verre (19 500 emplois directs, source Fédération des chambres syndicales de l’industrie du verre),
► papier (15 270 emplois directs, source COPACEL, Confédération Française de l’Industrie des Papiers, Cartons et Celluloses).

L’estimation globale s’élève ainsi à plus de 600 000 emplois directs dans les principaux secteurs sensibles au prix de l’électricité.

"En appliquant à ce chiffre un coefficient multiplicateur raisonnable et communément admis entre 2 et 2,33 pour obtenir les emplois indirects et induits, le nombre d’emplois concernés indirectement par la sensibilité au prix de l’électricité sera compris entre 1,2 et 1,4 million" précise l’UNIDEM.

"C’est donc au total près de 2 millions d’emplois industriels et de services qui verraient la compétitivité de leur secteur mise à mal par la sortie du nucléaire et la hausse en résultant du prix de l’électricité, et pourraient être menacés à terme en fonction du niveau et du rythme de cette hausse."

Pour conclure, l’UNIDEN souligne qu’il ne peut y avoir de politique industrielle sans "une politique énergétique visant à l’indépendance, à la sécurité d’approvisionnement et à la maîtrise des prix de l’énergie. Sortir du nucléaire porterait un coup sévère sinon fatal à la France sur chacun de ces chapitres, et par conséquent à l’industrie française."

Articles connexes

12 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
irisyak

Voilà bien des affirmations qui nous en disent beaucoup plus sur le regard de nos politiques sur le nucléaire. Les prix actuels de l’électricité sont le résultat de détournement de fonds qui ne seront plus possible avant dix ans. La recherche payée par l’Etat, le démantèlement non provisionné à ce jour, le renouvellement de centrales deux ou trois fois plus chères vont changer la donne et notre gouvernement s’empresse de nous contraindre au nucléaire avant qu’il ne soit trop tard. Il reste moins de 10 ans pour évoluer très rapidement … Les énergies nouvelles seront moins chères à terme et c’est le contraire que l’on nous impose …

Propv

Je pense qu’il doit y avoir une erreur dans le titre. 2 millions d’emplois, ca me parait un peu faible. Je pense que l’UNIDEM voulait dire 20 millions ou 200 millions, ça semble baucoup plus réaliste. Autre info qui n’apparait pas dans ce communiqué, l’UNIDEM estime le potentiel d’emplois dans les ENR d’ici 2050 à environ 426, mais ceux ci pourraient finallement ne pas voir le jour en cas de conjoncture défavorable.

pclost

Depuis quelques semaines nous avons droit à un battage médiatique où on s’empresse de nous expliquer que sans le nucléaire en France, c’est l’Apocalypse Le tissu industriel n’y survivra pas ? Je m’interroge néanmoins sur l’exemple allemand, disposant d’une industrie autrement plus importante que la notre et pourtant le prix de l’électricité y est plus élevé !? Allez comprendre… N’est il pas réducteur de lier le coût de l’électricité ? Pourquoi les sociétés industrielles ne s’intéressent pas plus que çà aux réductions de consommation d’électricité ? Parce qu’elle est bon marché ? Nous ne sommes pas obligés de croire qu’un cchangement de politique énergétique (électricité), c’est se projeter à 10 ans, 20 ans … Pas du court-terme comme on nous le laisseeentendre ces lobbyings pro-nucléaires. Ces sorties médiatiques montrent bien leur inquiétude croissante!

Bob26

excellent commentaire propv ! je pense que tu es dans le vrai mais ils n’ont pas osé nous le dire ! tu m’as mis de bonne humeur pour la journée merci !

Fugu

Même si la rédaction d’ENERZINE continue à soutenir le lobby pro-nucléaire en publiant tous les fonds de tiroir de pseudo-études du lobby pro-nucléaire, pour une fois l’étude de l’UNIDEN/M se veut plus sérieuse: Elle a laissé de côté les projections arithmétique simplistes et a utilisé des maths probabilistes un peu plus évoluées: Une sortie du nucléaire par accident, probale en France au cours des 30 années à venir, pourrait effectivement causer la perte de quelques millions de vie à plus long terme, donc aussi effectvement 2 millions d’emplois en dégâts collatéraux. Quand à savoir si cet accident produirait de nouveaux emplois, ils étudient sérieusement, avec tous réseaux de leur lobby, ce qui se passera au Japon dans les 5 ans à venir pour retoucher légèrement leurs modèles…

Fugu

Il faut lire “Mangez du Fugu avec l’UNIDEN”, bien sur… Le fugu est un poisson délicieux et très apprécié au Japon lorsqu’il est préparé correctement, sinon il cause une mort foudroyante. Les cuisiniers japonais qui le préparent sont prodigieusement habiles et le monde entier envie cette expertise nippone, ce qui n’empêche pas chaque année les accidents par ingestion fuguesque.

enerZ

La rédaction ne soutient personne … ni aucun lobby… nous parlons de toutes les énergies dans le cas où vous ne l’auriez pas remarqué. Dans le cas contraire, notre forum serait verrouillé et votre droit à la parole ignoré. Une petite mise au point La rédaction

meltem

L’accumulation des chiffres annoncés dans les différentes “sorties” est hallucinante. Les études sérieuses indiquent que le nombre d’emplois industriels en France est de l’ordre de 3,5 millions. Vous prenez M. Proglio (-1,4M) et l’Unidem (-2M) et ça y est, il n’y a plus un seul emploi industriel (et donc tout est délocalisable!) Un peu de sérieux ne ferait pas de mal, mais au moins nous avons depuis deux semaines une photographie intéressante du paysage économique et politique français “contaminé” à la radioactivité… c’est une photo à encadrer et garder pour décrypter les prochaines études!!!

jeff_1982

Lorsqu’en France nous avons abrogé la peine de mort, qui c’est soucié du devenir des guillotines et des bourreaux ???? Il est évident que les millions d’emplois de dépollueurs nucléaires et de gardiens de déchets créés par la filière sur les milliers d’années de vie des déchets produits (ou coproduits si l’on considère la filière militaire) vont être en périls. En même temps, la production d’electricité va contuer à embaucher des millions de gens tant qu’il y aura des consommateurs. J’ai meme envie de dire que les EnR vont créés plus d’emplois à puissance égale car ce sont des petites unités loins des 1600MW d’un hypothetique EPR. Je vais même aller plus loin, ce seront des emplois non déloxcalisables contraiement à l’atome et ses filieres d’extraction et de fabrication de combustible puis de retrait des déchets. Finalement on a tout à gagner à échanger ces emplois contre de nouveauxmoins toxics.

Bichon

Quel serieux cette étude! “Et en mutlipliant par 2,33 le chiffre nous obtenons 2 millions” Je suis déçu de constater qu’Enerzine publie cette article qui n’est que purement et simplement de la PROPAGANDE MENSONGERE!

Bachoubouzouc

C’est excessivement amusant de constater que cet article, qui dit que la sortie du nucléaire engendrera des destructions d’emplois, est autant contesté (et avec tant de mauvaise foi). Pourtant il cite des chiffres d’emplois précis et facilement vérifiables dans chaque filière électro-intensive. Et juste à côté un autre article, sur les destructions d’emplois chez E.ON (suite à la sortie du nucléaire en Allemagne) est la parfaite application pratique de l’évidence énoncée ici ! Et quel silence assourdissant pour cet article là ! Petit florilège : @ irisyak : “Les prix actuels de l’électricité sont le résultat de détournement de fonds qui ne seront plus possible avant dix ans.” Lol. Vous appellez “détournement de fond” des crédits de recherche alors que la filière PV + éolien ne survit qu’à coup de milliards de subvention depuis des années. @ pclost : “Depuis quelques semaines nous avons droit à un battage médiatique où on s’empresse de nous expliquer que sans le nucléaire en France, c’est l’Apocalyps” N’y a t’il pas aussi du battage médiatique anti-nucléaire pendant ce temps là ? Au moins les études que nous citons sont chiffrées et crédibles (méthode correcte, prise en compte des contingences techniques…). Tandis que pour vous on attend toujours de savoir comment vous allez rendre possible la sortie du nucléaire (ou le passage à 50%) sans augmentation de CO2… On attend toujours de savoir ce que vous comptez faire pour la sûreté du réseau. @ meltem : “Les études sérieuses indiquent que le nombre d’emplois industriels en France est de l’ordre de 3,5 millions. Vous prenez M. Proglio (-1,4M) et l’Unidem (-2M) et ça y est, il n’y a plus un seul emploi industriel (et donc tout est délocalisable!)” C’est quoi ce délire ? D’un part Proglio parlait d’un million et pas d’1,4M, ensuite l’UNIDEM parle de 2M fragilisés, càd plus susceptibles d’être délocalisés qu’avant, et non pas détruits, et enfin ces emplois sont les mêmes, ils ne s’additionnent pas !!! En encore, il s’agit d’emplois directs et indirects, donc tous ne font pas partie des 3,5 millions d’emplois industriels en France !!! Mais quelle mauvaise foi !

Fugu

@Bachoubouzouc : quelle méthode? quel sérieux? C’est un peu comme la pub du restaurant au bord de la route qui affiche: Ici, valable! @enerZ: je ne doute pas de votre indépendance. Je remplace donc “continue à soutenir” par “ne refuse pas dêtre arrosé par” dans ma première phrase.