Chaque notification, chaque appel reçu au volant prolonge le trajet d’un danger invisible, celui de l’inattention. En France, l’usage du smartphone est impliqué dans près d’un accident corporel sur dix. Derrière les écrans, ce sont des vies qu’on met en péril car le simple fait de lire un message multiplie par 23 le risque de collision. Face à une banalisation alarmante, les autorités renforcent sanctions et campagnes de sensibilisation, en interpellant simultanément les automobilistes, les motards et les cyclistes. En effet, sur la route, cinq secondes détournées suffisent à parcourir 70 mètres les yeux fermés.
Il apparait que le simple fait de téléphoner en conduisant concentre les quatre formes de distraction identifiées par les experts : auditive, visuelle, physique et cognitive. Ainsi, un conducteur absorbé par la conversation engrange jusqu’à 30% d’informations en moins, voit son temps de réaction s’allonger d’un tiers et peine à maintenir sa trajectoire. Au final, la moindre seconde perdue se transforme en mètres parcourus sans contrôle, à 50 km/h, c’est la longueur d’un terrain de tennis qui échappe au regard.
Des statistiques inquiétantes pour des comportements persistants
En 2019, quelque 435 000 automobilistes ont été verbalisés pour usage du téléphone au volant, soit une progression de 7% en un an. Quatre ans plus tard, le phénomène s’est accentué. Les forces de l’ordre ont dressé plus de 612 000 contraventions, dont 555 000 pour téléphone tenu en main. Pourtant, la pratique reste ancrée : huit conducteurs sur dix admettent toujours consulter leur smartphone en roulant.
« Quand vous regardez votre téléphone, qui regarde la route ? » rappelle la dernière campagne de la Sécurité routière, martelant un slogan devenu cri d’alerte collectif.
Un arsenal répressif renforcé
La loi demeure stricte :
- Téléphone en main ou écran non dédié à la navigation : 135 € d’amende et retrait de trois points.
- Cumul avec une autre infraction (excès de vitesse, non-respect d’un stop…) : rétention immédiate du permis, pouvant aller jusqu’à six mois de suspension.
- Oreillette, casque ou écouteurs sont proscrits pour tous les usagers, cyclistes et même les rouleurs en trottinette.
Si les kits Bluetooth intégrés restent autorisés, « leur usage détourne tout autant l’attention », avertissent les autorités.
La Délégation à la sécurité routière encourage de simples habitudes comme activer le mode « conduite » ou le silence des notifications, confier le téléphone à un passager, ou anticiper les appels lors des pauses. Selon la sécurité routière, le slogans « Si tu conduis, je raccroche » s’impose.
Il faut désormais apprendre à se couper des sollicitations… même si lorsque nous sommes appelés, nous nous sentons gratifiés !
Vers une route pleinement connectée… à la sécurité ?
Au-delà des sanctions, la question demeure également culturelle. Comment décrocher d’un outil devenu prothèse numérique ? Faut-il un déploiement d’applications bloquant les appels entrants ? un intégration d’alertes embarquées ? ou davantage de campagnes ciblées sur les jeunes conducteurs ?
À l’heure où les véhicules et les téléphones convergent vers toujours plus de connectivité, l’enjeu sera de s’assurer que ces innovations servent la vigilance, non la distraient.
Source : securite.routiere.gouv