La Chine accroît sa mainmise sur les métaux rares

La Chine vient de finaliser un plan 2010-2015 qui limiterait très fortement l’exportation des métaux rares. Les métaux issus des terres rares ont toutefois une importance cruciale dans le développement des technologies de pointe et particulièrement des technologies propres.

Prenons l’exemple du néodyme, un aimant 10 fois plus puissant que la ferrite, indispensable pour générer de l’électricité par les éoliennes ou pour fabriquer des moteurs hybrides de voitures, dont la demande mondiale devrait atteindre dans 10 ans plus de 200.000 tonnes contre 120.000 tonnes en 2009.

La Chine risque-t-elle ainsi de stopper net le développement de certaines énergies vertes ? Pékin a annoncé début septembre sa volonté de limiter un peu plus la production de "minerais de terres rares" pour la réserver presque exclusivement à la demande intérieure, et de créer une réserve stratégique en Mongolie intérieure, qui recèle à elle seule 75% environ de l’ensemble des réserves chinoises de terres rares. La Chine possède les plus importantes réserves concernant de nombreux éléments tels que le titane, le germanium, l’indium ou encore le gallium.
Or bien que "le néodyme existe partout dans le monde, précise Nicolas Donjon, président d’Arelec, premier importateur français d’aimants, la Chine présente des coûts d’extraction imbattables. Les Chinois sont aujourd’hui devenus les maîtres du jeu". En effet, la Chine produit plus de 95% des métaux issus des terres rares de la planète. Elle assure plus de 90% de la production mondiale de néodyme. La tolérance de méthodes d’extraction très polluantes explique aussi cette domination.

Cette domination n’a pas empêché la Chine de souffrir récemment d’un ralentissement de la demande, crise mondiale oblige. D’où sa récente décision, qui n’a d’autre but que de faire remonter les cours. Sa valeur est ainsi remontée à 20 dollars le kg. Ainsi, l’une des principales sociétés chinoises d’extraction, la Baotou Steel Rare-Earth, fournisseur d’Apple ou de Toyota – pour ses véhicules hybrides Prius – a immédiatement gagné 3%. C’est devenu l’une des valeurs vedette de la Bourse de Shanghaï. Cependant le cours du néodyme est loin de son âge d’or : le kg s’échangeait en 2007 à 60 dollars alors qu’à la fin des années 1990, il n’en valait que 10. Mais il faut y voir une approche plus stratégique que mercantile : "Ce n’est pas la hausse des prix sur les métaux qui intéresse la Chine, précise Georges Pichon, président de la société de négoce de métaux MarsMetal, mais plutôt la maîtrise de la filière et la fabrication sur son sol des produits tirés de ces terres rares."

Des experts estiment que la mainmise de la Chine sur l’un des éléments clés des énergies renouvelables peut constituer à terme un risque réel. "Si nous n’y prenons pas garde, explique Irving Mintzner, responsable du fonds américain spécialisé dans les énergies alternatives Potomac Energy Fund, nous risquons d’échanger les inconvénients de notre dépendance au pétrole du Moyen-Orient contre les inconvénients dus à une autre dépendance, celle au néodyme chinois."

BE Chine numéro 75 (16/09/2009) – Ambassade de France en Chine / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/60481.htm

      

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marcob12

Vu l’énormité présente et surtout à venir de la demande mondiale pour de nombreux éléments,  on reste encore dans un schéma de type “pétrolier” où les ressources les plus aiséments accessibles et exploitables constituent des “trésors” convoités par tout le monde. Par ailleurs certains éléments ne sont pas aisément récupérables via recyclage (mélangés, très petites quantités, etc) et sont condamnés à voir leur stock global décroître. L’inédit de la situation réside dans le fait que pour le pétrole par ex le premier exportateur/détenteur de réserves (l’arabie saoudite) n’a jamais manifesté sa volonté se conserver ses réserves (quel que soit le motif). Si la Chine gardait ses réserves “bon marché” le reste du monde devrait exploiter des réserves plus chères et en intégrer le coût à ses produits, les rendant moins compétitifs… Se garantir un accès privilégié aux ressources des autres (via leur trésor de guerre) et conserver les leurs, semblent devenir  la devise de la Chine actuelle. Ce pays éclipsera l’Occident dans ce siècle (courtesy of USA).

Samivel51

Si la Chine exporte moins de métaux rares, les prix internationaux vont monter, rendant compétitifs les autres sites d’extraction de part le monde. Le tout est d’anticper cette hausse de la demande hors Chine pour ne pas se trouver dans une période de transition douloureuse avec spéculation et prix qui atteignent des sommets. In fine, il est vrai que ces métaux rares seront plus chers qu’aujourd’hui. Cela signifie qu’il faut aussi anticiper sur la necessité de recycler, surtout si cela ne se fait pas facilement comme l’indique l’article.

stan1504

Les chinois mettent des barrières pour ne pas qu’on touche leur métaux rares. Mais pourquoi doit on continuer à importer leur merdes de qualité pauvre ? Pourquoi ne pas garder nos sous ? (qui deviendront rare eux aussi bientôt)

Tony

Mon cher Stan, ta remarque est pertinente, cependant je pense que cette attitude de leur part est fort logique : il s’agit de rendre la monnaie aux pays occidentaux, qui se croient encore civilisés, et qui ont bien vite oublié les guerres de l’opium, et les traités inégaux qui s’en sont suivis. J’ai vécu près de trois ans en Chine, où j’ai pu constater que les gens, je pense à ceux qui ont une certaine culture et ont suivi des études, n’ont pas oublié ces gifles.    Une attitude revancharde de leur part, et aussi des autres pays en voie de développement, est tout à fait logique, et des affrontements sous différentes formes sont à prévoir. Surtout lorsque nos gouvernements profondément infiltrés et noyautés par une oligarchie financière et industrielle prône et accentue le choc des civilisations pour enrayer ce développement, plutôt qu’un partenariat stratégique avec eux.

Sylvain222

Il y a toujours des “knocs” qui ne comprennent toujours pas, manque d’éducation ou débilité réelle ?