Les astronomes ont définitivement mis un terme aux spéculations qui enflammaient la toile depuis des mois. Le radiotélescope MeerKAT, installé dans le désert sud-africain du Karoo, a confirmé que la comète interstellaire 3I/ATLAS émet un signal radio parfaitement cohérent avec l’activité cométaire classique. L’annonce intervient alors que l’objet céleste vient d’atteindre son point le plus proche de la Terre, le 19 décembre, à quelque 270 millions de kilomètres de notre planète. Une distance respectable qui n’a pas empêché les télescopes les plus puissants de percer ses secrets, dissipant au passage l’hypothèse d’une sonde extraterrestre qui avait trouvé un écho surprenant dans l’opinion publique.
Des signatures moléculaires sans équivoque
Les données collectées par MeerKAT le 24 octobre 2025 révèlent des raies d’absorption caractéristiques aux fréquences de 1,665 et 1,667 gigahertz. Ces empreintes spectrales trahissent la présence de molécules d’hydroxyle, des fragments de vapeur d’eau décomposée sous l’effet du rayonnement solaire. « La détection de ces raies d’hydroxyle nous permet de confirmer que 3I/ATLAS se comporte comme une comète et non comme quelque chose d’inhabituel« , explique D.J. Pisano, astronome co-responsable de l’étude.
L’observation marque un tournant pour le troisième objet interstellaire jamais identifié dans notre système solaire. Depuis sa découverte le 1er juillet 2025 par le système d’alerte ATLAS à Rio Hurtado au Chili, 3I/ATLAS alimentait une controverse scientifique. L’astrophysicien d’Harvard Avi Loeb, habitué des hypothèses iconoclastes, avait publiquement évoqué plusieurs « anomalies » : une masse inhabituelle, une trajectoire singulière, une composition chimique atypique. Autant d’indices qui, selon lui, ne permettaient pas d’écarter catégoriquement une origine artificielle.
L’absence totale de signal technologique
Les mesures de MeerKAT répondent à ces interrogations par la négative, avec la rigueur des chiffres. Le radiotélescope n’a détecté aucune transmission radio modulée comparable à celles utilisées pour les communications humaines. L’équipe de Breakthrough Listen, programme dédié à la recherche d’intelligence extraterrestre, a passé au crible l’ensemble des données entre 900 et 1670 mégahertz lors d’observations menées le 5 novembre. Aucun signal à bande étroite détecté, avec une limite de puissance fixée à 0,17 watt pour tout émetteur hypothétique. Soit moins qu’un téléphone portable.
Cette conclusion rejoint l’ensemble des observations menées ces derniers mois par la NASA. Nicky Fox, administratrice associée de la direction des missions scientifiques de l’agence spatiale américaine, l’avait affirmé lors d’un point presse en novembre. Toutes les preuves indiquent qu’il s’agit d’une comète. Les télescopes Hubble, James Webb et même l’orbiteur de reconnaissance martien ont tour à tour documenté les caractéristiques typiques d’une comète : coma poussiéreuse, queue, dégazage progressif à l’approche du Soleil.
Les raies d’absorption d’hydroxyle constituent depuis longtemps un outil de diagnostic fiable en astronomie cométaire. Elles permettent de quantifier la production d’eau au fur et à mesure que les glaces subliment sous l’effet de la chaleur stellaire. Les observations complémentaires menées en novembre ont même confirmé le basculement prévu de l’absorption vers l’émission, au gré des conditions d’observation optimales. Une cohérence qui achève de valider l’origine naturelle de 3I/ATLAS.
Un messager venu d’ailleurs s’éloigne à jamais
La comète poursuit désormais sa route hors du système solaire. Elle franchira l’orbite de Jupiter en mars 2026 avant de replonger dans les profondeurs interstellaires, pour ne jamais revenir. Sa trajectoire quasi perpendiculaire à celles des deux précédents visiteurs interstellaires, 1I/’Oumuamua et 2I/Borisov, intrigue les spécialistes. Elle suggère une provenance issue d’une région inexplorée de la Voie lactée, peut-être révélatrice de systèmes planétaires radicalement différents du nôtre.
Avec seulement trois objets interstellaires formellement identifiés à ce jour, la prudence reste de mise. Les astronomes refusent de tirer des conclusions hâtives sur ce qui constituerait la « norme » pour ces voyageurs cosmiques. L’analyse des données se poursuivra tout au long de 2026, mobilisant observatoires terrestres et instruments spatiaux. L’objectif est de comprendre comment se forment et évoluent les comètes dans les confins d’autres étoiles afin d’affiner nos modèles de formation planétaire à l’échelle galactique. Une quête scientifique patiente, loin du sensationnalisme qui avait accompagné les premiers jours de 3I/ATLAS, mais infiniment plus fertile pour notre compréhension de l’univers.











